« ON : Pronom imbécile »
12/07/2023 Bonjour à toutes et à tous,
ON : Pronom imbécile, qualifie celui qui l’emploie.
Figurez-vous que j’ai, comme sans doute nombre de mes camarades de classe, copié cela des cinquantaines de fois durant mon année de CE2.
Ça m’a tellement marquée que je m’en souviens encore, des décennies après.
N’empêche que les temps ont bien changé depuis, car qui se ferait punir en classe aujourd’hui, à cause de l’utilisation du ON ?
C’est aussi le signe que la langue française a bien évolué depuis.
J’ose espérer en tout cas que le jeune maître qui nous faisait cours à l’époque a lui aussi évolué, s’il n’est pas mort entre temps.
N’entraînait-il pas son épagneul breton, durant nos récréations, à courir après une peau de lapin afin de le dresser pour la chasse ?
Avec le recul finalement, je me dis qu’il avait le profil idéal du chasseur, violent, vicieux et sans empathie.
Ainsi, n’hésitait-il pas à humilier certains enfants, de préférence les plus jeunes et les plus chétifs, devant toute la classe.
Il prenait également la grosse éponge mouillée qui trempait dans le seau ; et destinée à nettoyer le tableau, pour la jeter au visage d’un ou d’une élève qui bavardait.
Dans le genre encore plus vicieux, alors qu’il était au tableau, dos à la salle, il se retournait d’un coup et s’entraînait à jeter sa craie violemment au visage d’un enfant inattentif.
Un jour même, il l’a lancée avec tant de violence qu’il a cassé un verre des lunettes d’une de nos camarades…
Bref, ce type-là nous terrorisait.
Et nous, pauvres enfants qui n’aurions jamais osé nous plaindre, nous avons été soulagés de voir débouler les parents de cette élève afin d’avoir des explications avec le maître.
Mais je suis certaine que pas une ni un de mes camarades de classe n’a jamais évoqué cela avec ses parents.
Pour moi, et pour mes camarades de l’époque sans doute aussi, c’était finalement des scènes de violence ordinaire.
En plein repas, notre père n’avait-il le réflexe de prendre un verre d’eau, quand ce n’était pas le pot à eau entier, pour le jeter au visage de l’un de ses quatre enfants, en cas de désaccord ?
A subir et me protéger de beaucoup de violences dès mon enfance, mon intuition s’est accrue et a développé cette hypersensibilité et cet état d’hypervigilance sans trêve, certes, mais qui m’ont sauvée.
L’ultime satisfaction de ma vie, c’est surtout de ne jamais avoir commis d’actes de violence envers mes propres enfants, tout en étant toujours très réactive pour les protéger envers celle d’autrui.
Bien à vous,
Isabelle