« Where are you from »
20/11/2022 Bonjour à toutes et à tous,
Where are you from ? tiens ça fait longtemps qu’on ne me l’avait pas faite celle-là…
J’étais en train de prendre mon vélo lorsqu’un jeune ouvrier, travaillant sur un chantier à côté, m’a abordée.
Non, c’est pas vraiment un endroit très fréquenté, le jardin privé où je me rends trois fois par semaine pour soigner nos plantations.
Je pense que ce jeune homme embauché pour le chantier n’avait sans doute jamais mis les pieds à Auroville…
Ben oui, ça fait un peu de diversité plus ou moins 49 nationalités différentes recensées à Auroville.
Et puis voilà, lorsqu’on est blanches et blancs de peau, forcément ça fait tache dans le décor indien.
Oui, ben je vous le rappelle, c’est comme les personnes noires en France, elles sont plus visibilisées.
Donc voilà, il m’a posé sa question.
Et je lui ai répondu que j’étais… d’Auroville, tout simplement.
J’ai essayé d’imaginer combien ça doit être chiant quand on te demande d’où tu viens.
Juste parce que t’as la peau pigmentée différemment de la majorité ambiante dans laquelle tu évolues…
Ben oui, tu es une personne française, née en France, et voilà qu’à cause de la couleur de ta peau on te demande où tu es née, et cela pendant des décennies.
Ça doit juste tourne au cauchemar à la longue…
Alors non, j’ai pas envie de me la jouer touriste, maintenant je suis aurovilienne, je vis a Auroville.
A la limite, si j’ai des affinités dans une conversation avec une personne qui me pose la question, ok je peux lui répondre.
Mais j’ai pas trop envie de faire le singe, la curiosité…
Bon, pour l’heure, le ou les bus, à grand renfort de klaxon, ont du engloutir à nouveau les dizaines de personnes débarquées non loin de mon logement.
Suffisamment près de mes fenêtres pour que je puisse voir déambuler et entendre causer bruyamment des grappes de jeunes filles et jeunes hommes.
Je peux affirmer d’emblée qu’iels venaient de la ville, pas des locaux, mais pas des touristes non plus.
Western wear de rigueur, shorts et robes courtes pour les unes, cheveux flottants, chemises cintrées et pantalons de marque pour les autres, c’étaient des jeunes de leur temps.
Oh, ben finalement, ça pourrait peut-être faire du bien à Auroville de dépoussiérer quelques clichés de vieux-qu-ont-de-l-age (à lire à voix haute) comme disait mon père.
C’est peut-être fini, et on leur reconnaît toutes les qualités au moment présent, les générations de babas cool, voire hippies en quête de… [remplir à votre convenance] ?
Je dis ça, je dis rien.
Curieusement, dans le même temps, j’ai d’abord réagi à Auroville contre des propos sexistes tenus à l’encontre d’une femme, concernant sa tenue vestimentaire.
Puis lu que 12000 nouvelles personnes intégreraient la ville d’ici 2025, selon le souhait formulé par la Fondation.
Peut-être faut-il en passer par là pour évoluer.
Quoiqu’il en soit, réjouissons-nous mes sœurs, ici comme ailleurs, mon corps mon choix.
Bien à vous,
Isabelle
[dp_product id=1 domain=0]