« What the fuck ?! »
25/10/2013 Bonjour à toutes et à tous,
Tombée en pleine régression quand que j’ai poussé les portes de La Sucrière.
Mercredi 23 Octobre 2013, 12e Biennale de Lyon.
« Pipi, caca, prout, bite, chatte, shit, fuck you… » Ah, j’en ai oublié ?
Il y a une petite fille de 3 ou 4 ans qui vient de franchir l’entrée avec ses parents et elle n’en croit pas ses yeux, qu’elle ouvre grands.
Tournant autour de la sculpture plus vraie que nature, elle détaille méticuleusement cet homme nu, allongé au sol et en appui sur les coudes, qui n’a pas que les yeux au 7ème ciel.
Tandis que sa maman hésite entre le « Claire, tu viens… ? » et le « Allez Claire, on y va…! » le papa a déjà pris la tangente.
Voilà le ton est donné.
Ames sensibles s’abstenir, le niveau des œuvres ; le terme même reste plus que contestable, se situe largement en-dessous de la ceinture.
Je ne vais pas vous faire le détail des trésors d’ingéniosité qui sont déployés ici pour mettre en situation une pissotière, présenter des incrustations dans la partie postérieure du corps ou les représentations en 3D minuscules ou immenses, c’est selon, de l’organe masculin précédemment cité…
Ingéniosité relevée, soit dit en passant par Yoko Ono, herself, qui écrit : ma maman était belle, my mummy was beautifull, en 4 posters, deux de téton et deux de pubis, super…
L’évocation de ma mère…?
Hou là là, j’vous dis, fais pas bon vieillir ma brave dame…
Donc, en résumé, si vous avez buggé au stade anal, et pas encore dépassé le pipi-caca, ou inversement, cet endroit est fait pour vous.
A deux p’tits gars qui étaient plantés devant une autre sculpture tout en érection, se demandant c’est de l’art ça ? je me suis permise de répondre avec un sourire entendu que c’était de l’art en devenir…sans doute !
Moi qui croyait qu’on en avait fini à la BHN avec tous ces trucs gores en tout genre…en fait, c’est là qu’ils se sont tous planqués les artistes en culottes courtes, non ?
Ben oui, parce que j’ai quand même essayé de comprendre, et j’ai remarqué que l’année de naissance de tous ces jeunes gens gravitait entre les 70’s et les 80’s, ça fait un peu peur quand même, si jeunes…
Et l’Art dans tout ça ? What the fuck ???
Peur de quoi ? De grandir ? D’aimer ? De s’aimer ? Peur de soi ? Peur des autres ?
C’EST QUI LES NAUFRAGES DU MONDE ???? me suis-je écriée en dépassant le camp de Roms, planté sous la trémie de l’autoroute du Soleil et nauséeux à souhait, alors que je regagnais mes pénates…
Les malheureux ? les nantis ?
Ceux qui désespèrent, s’angoissent, s’agitent, gaspillent au milieu de la surconsommation…
Ceux qui jouent, partagent, espèrent, rient au milieu de la sous-consommation…
7 million d’euros séparent les deux « sites », proches géographiquement.
Injectés dans la Biennale.
Tout ça pour ça ???
J’ai aimé l’œuvre de Jonathas de Andrade et ses bonbons du Brésil, les Négo Bom.
Il y avait de la poésie sucrée dans ses mots, dans ses images et ça fait du bien au milieu des relents acides et amers environnants.
J’ai aimé aussi celle de Gabriela Fridriksdottir, l’islandaise, qui nous a proposé un rêve tout en douceur de sable et de transparence.
Et puis le Jardin Zen du collectif chinois Madein Company installé dans le café-Restaurant de la Biennale offre cette note de vivant, de convivial qui manque tant autour.
A vous maintenant d’aller découvrir si vous n’avez crainte de sombrer dans le cynisme ambiant.
Je vous offre le timide arc en ciel du retour, entre rires et larmes.
Bien à vous,
Isabelle
2 comments
Isabelle,bonjour,il y a une trentaine d’années au dessus de la gare de perrache nouvellement construite,la salle rémillon exposait des oeuvres contemporaines:ce que j’ai vu :des téléviseurs caisses en bois ,écrans bombés formant une pyramide mal ajustée;sur les deux plus hautes,l’artiste avait laissé dégouliné de la peinture,blanche jusqu’au bas.Je n’ai jamais été fan d’émissions télévisées,et parfois devant l’écran j’ai pensé qu’un auteur de séries télévisées,avait un talent analogue à celui d’un artiste.merci à vous,j’apprécie vos créations pleines de poésie.paulette
Merci Paulette, et tant mieux si la poésie filtre un peu.
Où commence l’art ? Où s’arrête t-il ? Chaque regard a son histoire et chaque histoire a son regard…
Bien à vous, Isabelle