« Vivre de regrets »
19/01/2016 Bonjour à toutes et à tous,
La litanie des défunts connus et inconnus n’en est qu’à mi-chemin de ce premier mois de 2016, Bowie, Galabru, Angelil, Delpech, Boulez…
Paraît qu’on meurt plus en janvier que tous les autres mois de l’année, et c’est valable même à l’échelle de l’Europe.
Fatalité de début d’année, recrudescence de maux, mauvais temps, déprime accentuée ?
Ce matin au téléphone, alors que je prends de ses nouvelles, il affiche un moral au plus bas.
Ben oui, la réalité est là, à 87 ans, il est moins autonome qu’il y a seulement quelques années.
Vivre de regrets, à quoi bon, réponds-je en substance.
Et de lui exposer que sa situation à présent est quand même plus confortable que ses débuts dans la vie professionnelle alors il n’était qu’ouvrier agricole.
« – Dommage que tu n’habites pas plus près de moi quand même…
– Mais papa, il n’y a qu’une trentaine de kilomètres entre nous !
– Oui, c’est vrai…
– Et que devrais-je dire avec J. qui vient de partir travailler en Inde, sais-tu combien de kilomètres nous séparent, ça se compte en heures d’avion ?
– …
– Le propre des enfants, c’est bien de voler de leurs propres ailes.
– Oui, tu as raison, peut-être que je devrais être plus philosophe…
– Tu pourrais aller moins bien aussi, te déplacer en fauteuil roulant par exemple, ou ne plus avoir la faculté de lire Le Monde tous les jours…
– C’est vrai, ça me remonte un peu le moral ce que tu me dis (petite voix).
– Prends aussi un peu le téléphone pour m’appeler.
– Ah mais je ne sais pas comment ils fonctionne, j’ai du mal à m’en servir…
– Alors je vais prévenir le personnel et ils composeront mon numéro quand tu le leur demanderas.
– D’accord, merci mon p’tit… »
Il sanglote à présent.
Hier, nous parlions de cela avec A.M. jusqu’à fort tard dans la nuit, lorsque les tranches de vie se transforment en comédies shakespeariennes.
Ce qu’il y a de rassurant dans tout cela, c’est que finalement, en partageant ainsi des bribes de secrets de famille, on se sent tout à coup un peu moins isolé !
Les tiroirs de nos armoires de familles sont pleins de cadavres, d’héritages spoliés, d’aïeux glauques ou d’appellations d’origines incontrôlées…
Alors, à quoi bon avancer pleurants et gémissants, vivons… et sans regret jusqu’à l’année prochaine !
Bien à vous,
Isabelle
Et à 43:43, sur la vidéo qui suit, ne manquez pas la fabuleuse histoire de La Femme du roulier, avec Hélène Labarrière et Violaine Schwartz…