« Un truc de pauvres »
20/07/2016 Bonjour à toutes et à tous,
Un truc de pauvres, qu’elle a dit…
Ses mots résonnent dans le bar, tandis qu’elle tire une taffe, le regard évanoui dans la mince fumée.
Elle a renoncé à la maternité, puis elle a renoncé au couple.
Une vie à n’exister que par et pour le Tango.
Le Tango, un truc de pauvres…
Avec des habits de la semaine qu’on lave vite le soir et qu’on remet le week-end pour danser.
Usés, comme les pistes de bal sous les étoiles.
Grouillantes pourtant, les soirées de pauvres, au son des orchestres locaux.
Danser d’abord, les pieds écrasés par le premier mauvais cavalier venu.
Danser ensuite, et oublier la faim, la misère, la tristesse, la pauvreté.
Danser pour exister encore, à ses propres yeux et aux yeux des autres.
Danser, enfin, pour rire le jour et rêver la nuit.
Aucun homme ne mérite les larmes d’une femme… lâche t-elle amèrement.
Danser aussi avec la haine, le regard planté dans celui que l’on n’aime plus.
Danser avec la rage au cœur, celle qui arrache du quotidien de pauvres.
Pour elle, une histoire sans horizon mais sans regret.
Pour lui, un seul horizon sans faux pli du début à la fin.
Entre les deux, l’immense sacrifice d’une vie vouée à leur passion.
J’écoutais hier le directeur de Psychologie Magazine qui présentait The dossier de l’été, Réaliser ses rêves.
Il en ressort que 47% des personnes interrogées estiment être passées à côté de leur vie.
La faute au temps, aux moyens, à l’éducation, aux normes, aux croyances etc, etc…
Plutôt sinistre le constat, non ?
Alors que tout semble être programmé pour nous rendre parfaitement heureuses et heureux, épanoui-e-s même.
De yahourt en steak, de maison en piscine, de voiture en croisière, de bijou en parfum, la voie est tracée pour se perdre dans les méandres de la vie par procuration.
Bien à vous,
Isabelle