« Toutes les grands-mères de la terre »
22/07/2024 Bonjour à toutes et à tous,
De toutes les grands-mères de la terre, il n’y en a pas deux qui se ressemblent, mais pourtant elles ont toutes un point commun.
Jamais elles n’oublieront leurs enfants, même quand ils seront devenus parents à leur tour, et ceci quel que soit leur âge.
Pour la première fois, lorsque la fille se retrouve mère ou le fils se retrouve père, la mère de ces deux là se retrouve, elle, grand-mère.
Tout le monde change de statut lorsqu’arrive une nouvelle génération.
Il faut une période d’adaptation, d’apprentissage du nouveau rôle encore bien flou pour chacune de ces personnes.
Et même si toutes sont pleines de bonne intentions, de ce changement de répartition peuvent découler quelques ajustements.
Mais il est des ajustements qui se transforment en grincements quand les intentions ne sont pas perçues de la même façon.
Là où l’une voudrait apporter de l’aide là où l’autre y voit une intrusion, une menace dans sa nouvelle sphère de vie.
Il faut sans doute du temps, du recul et beaucoup de tolérance entre les personnes concernées pour que chacune puisse trouver sa place.
On ne s’improvise pas grand-mère, tout comme on ne s’improvise pas mère ou père, pas plus que c’est inné.
Une longue période d’essais va commencer, ponctuée de questionnements, de doutes, d’échecs et de réussites avant d’arriver à endosser le rôle, ou pas d’ailleurs.
Bien sûr que chacune et chacun avait phantasmé son nouveau rôle, tout comme on phantasme sur le nouvel être à venir.
On phantasme en qualité de mère, de père, et de grand-mère aussi.
C’est là qu’au bout du compte, souvent, le phantasme de chacune des parties concernées ne correspond pas à la réalité.
Je me voyais faire ceci, cela avec mes petits-enfants, dira l’une.
Je suis mère à mon tour, et je vais très bien m’en sortir sans toi qui n’est que grand-mère dorénavant, rappellera l’autre.
Alors, pour ma part, quand j’ai été mère, malgré le ressentiment que j’éprouvais à l’égard de ma propre mère, j’ai baissé la garde.
Pour que mes enfants vivent ce qu’ils avaient à vivre avec leur grand-mère, j’ai fermé tant de fois les yeux et bouché mes oreilles tout autant, puisqu’ils étaient heureux.
J’ai fermé les yeux sur l’homéopathie zappée, les vêtements dépareillés, les stages devant la télé, le bordel ambiant…
J’ai bouché mes oreilles parce que ses draps étaient mieux que mes couettes, le lait cacao du matin bien plus nourrissant, les bonbons soi-disant distribués avec parcimonie…
Mes enfants ont vécu tant de choses avec elle qu’ils ne partageaient pas avec moi, alors tant mieux.
Tant mieux pour ces bons moments passés avec elle, tant mieux aussi pour leurs prises de becs.
Car non, bien évidemment, ce n’était pas toujours idéalement rose non plus avec elle, pas plus qu’avec moi !
Mais j’avais besoin, elle avait besoin, ils avaient besoin de ces moments privilégiés, pour exister en tant que mère, en tant que grand-mère, en tant que petits-enfants.
Alors oui, la grand-mère de mes enfants, malgré tant de divergence entre nous, a toujours été notre bouffée d’oxygène quand les enfants ou moi-même avions besoin de souffler.
Elle se réjouissait autant qu’eux de leur venue, établissait un programme, le modifiait souvent car l’aménageant selon leurs désirs, bref… elle leur était entièrement disponible.
Alors hommage, non, femmage aux grands-mères quelles qu’elles soient, présentes, absentes, jeunes, vieilles, classiques, branchées, elle seront toujours leur grand-mère préférée.
Bien à vous,
Isabelle