« Toi aussi tu chantais »
21/05/2016 Bonjour à toutes et à tous,
Ma petite maman,
Cet après-midi, j’ai passé un moment avec ma chorale de chant traditionnel italien à l’EHPAD du village.
Toutes les mamies et tous les papis étaient déjà installé-e-s en rang d’oignons dans la salle pour le concert quand nous sommes arrivé-e-s 😉
Bien sûr, j’ai pensé immédiatement à toi qui aurait aimé être parmi toutes ces personnes, pour écouter de la musique.
Et nous n’avons pu nous empêcher d’évoquer le sort de nos mères, avec A.
Aussi peu enviable pour l’une comme pour l’autre…
Était assis aussi, un monsieur d’une cinquantaine d’années, arrivé un peu après les autres spectateurs.
Il avait éteint son portable après avoir posé un casque de moto à ses pieds et s’était glissé contre son vieux père.
Calé lui dans un fauteuil roulant, au fur et à mesure que nos morceaux s’enchaînaient, je les voyais s’appuyer l’un contre l’autre.
Alors que le père ne nous quittait pas de ses yeux lessivés, ceux du fils se fermaient doucement par moment.
On devinait le poids de la fatigue retomber à son tour.
Deux autre petites mémés agitaient leurs mains, ou du moins ce qu’il en restait.
Petits doigts recroquevillés autour d’un châle qui leur enveloppait un dos presque sans forme.
Et puis, à un moment, s’est installée comme une douce bienveillance entre nous tous, fugace, légère, mais si intense !
J’ai soudain senti une boule monter dans ma poitrine et mes yeux se brouiller…
Continuer de chanter avec les autres choristes, ne pas laisser l’émotion me prendre à la gorge.
Ma p’tite maman, voilà, j’ai eu une belle pensée pour toi cet après-midi, car toi aussi tu chantais.
Tu te souviens de toutes ces années de ta vie à chanter ici et là.
Avec tes ami-e-s d’enfance, tes soeurs et frères aussi, et tes enfants à ton tour, tes ami-e-s de chorale par la suite !
Et à présent, sans doute aussi tes voisines de chambre à l’EHPAD.
Bien à vous,
Isabelle