« Tête vide et mains pleines »
20/01/2021 Bonjour à toutes et à tous,
Tête vide et mains pleines.
Ça a été comme un déclic alors que j’étais en ville.
Je venais juste de lever les yeux pour regarder défiler les nuages dans le ciel bleu, à travers les immeubles.
Il me fallait me raccrocher à quelque chose de vivant, vite !
Et là, j’ai eu l’intime conviction que tout le monde s’en foutait.
Tout le monde s’en fout de cette bouffée d’oxygène dans un Lyon si anxiogène.
Tout le monde marche, se tourne, s’agite, la tête vide et les mains pleines.
Oui, c’est cela, il faut se remplir les mains de beaucoup de sacs.
Parce que c’est cela qui donne de la contenance, beaucoup de sacs dans les mains.
Et puis, c’était le premier jour des soldes, il fallait marquer le coup !
Sinon, à quoi ça sert de vivre ?
A quoi ça sert de travailler si c’est pour rentrer, manger, se coucher et recommencer le lendemain ?
Au moins, avec des sacs au bout des doigts, on a l’impression que ça a servi à quelque chose d’aller travailler.
Ça donne l’impression qu’on s’est rempli·e de quelque chose.
Oui c’est ça, j’existe parce que je suis entouré·e·s de sacs.
Non non, ma vie n’est pas entourée de vide, elle est remplie de sacs.
Et de grands sacs si possible.
Ma vie se déroule en une ronde de sacs en sacs qui se remplissent et se vident et finissent… à la poubelle.
Moi, entre cette agitation frénétique et insensée, les voitures qui sentaient si mauvais, le minéral à l’horizontale comme à la verticale, j’étouffais !
Vite, raccrocher mon regard à quelque chose de vivant, et instinctivement j’ai levé les yeux au ciel.
Parce que le ciel, personne n’a encore pu le défigurer.
Par ce jour de grand vent il était même étonnement bleu.
Alors j’ai enfin pu reprendre ma respiration, à défaut de ressentir une quelconque vibration dans la ville.
Et je me suis dit que c’en était vraiment fini, bien fini tout cela pour moi.
Bien à vous,
Isabelle