« Taillés du même bois »
10/06/2015 Bonjour à toutes et à tous,
Il m’a encore dit cette semaine qu’il allait se remarier.
A quoi bon commenter, je lui ai juste fait remarquer, avec un sourire, que c’était temps d’y penser à 87 ans…
En déménageant son ancien logement, j’ai découvert une petite carte sur laquelle, à 85 ans 1/2, en prévision d’une rencontre, il se décrivait comme marcheur.
Bon argument !
Nous avons un peu flâné dans le centre ville après le passage chez l’audioprothésiste.
Mais bon, des deux appareils auditifs, un a disparu, impossible de remettre la main dessus, et aucun des trois retrouvés n’était le bon.
Je crois qu’on pourrait le chercher longtemps, il a du passer à la trappe avec nombre d’autres objets plus ou moins importants.
Mais il a dit qu’avec un c’était bien, alors on est allé prendre un petit café en terrasse, un rituel qu’il a plaisir à retrouver.
Il m’a raconté alors qu’il était allé à la piscine et avait commencé, avec les autres résidents, à faire des semis au jardin thérapeutique, ça avait l’air de lui plaire.
En chemin, il a acheté Le Canard Enchaîné, une autre tradition, du mercredi celle-là, vieille de quelques décennies 🙂
Pour prolonger la promenade, on est entré dans l’église, sur la place, en face du café.
A ma grande surprise, une statue de Saint Anne trônait dans l’entrée, et j’ai immédiatement pensé à ma mère, pour laquelle le 26 juillet était jour de fête.
J’ai trouvé ce petit clin d’œil plutôt sympa.
Ah oui, parce que pour faire rentrer mon père dans une église…
Et puis j’ai soupçonné Saint Pierre nicher non loin de là.
Ben oui, je l’ai trouvé aussi 😉
Et tout en faisant le tour, il me dit presque timidement :
« – Tiens, on pourrait faire brûler un cierge ?
– Bonne idée ! »
Nous avons aimé faire ce geste, même s’il n’était pas vraiment à caractère religieux.
Et on a choisi le plus grand cierge, qu’on a allumé et posé au milieu de la foule des anonymes.
C’était bien comme ça.
Puis il a fallu un peu accélérer sur le chemin du retour.
« – Tu comprends, ça va être l’heure de déjeuner, je ne voudrais pas me mettre en retard… »
Pas de souci, je l’ai ramené tranquillement dans l’unité des Oliviers.
« – Bon ben je te laisse, je vais me mettre à table… »
Mais il fallait encore que je donne deux trois infos au personnel.
Alors il tournait en rond, attendait pour s’installer.
Et puis finalement, il m’a demandé de débarrasser la pile de journaux dans sa chambre.
Ah oui, Le Monde tous les jours, ça fait du papier !
En quittant sa chambre, il a quand même apprécié qu’elle soit très spacieuse.
Même s’il cherche toujours un petit appartement proche du centre ville…
En quête d’une borne de recyclage du papier dans l’établissement ; peine perdue, je l’appris par la ensuite, le hasard me fit croiser un soignant qui m’apporta la solution.
Grand amateur du Monde, il se fit un plaisir de disparaître avec la pile de journaux.
J’ai repris la route avec un petit sourire en tête.
Lui, dans l’unité Les Oliviers.
Elle, dans la Résidence l’Olivier.
Taillés du même bois, à l’ombre des mêmes arbres.
Et pourtant à des kilomètres l’un de l’autre.
Bien à vous,
Isabelle