« Sinistre spectacle découvert hier »
10/09/2017 Bonjour à toutes et à tous,
Les cactus vingtenaires de mes hôtes ont du se réjouir de l’arrivée de la pluie dans la nuit.
Depuis Avril qu’elle n’était pas tombée, à peine quelques heures, un jour d’été.
Seuls des oliviers, des chênes verts et ces derniers résistaient encore à la canicule.
Mais rien de grave, comparé au sinistre spectacle découvert hier, en parcourant les quelques rues encore accessibles du village de Norcia, classé parmi les plus beaux villages d’Italie.
Une terrible expérience à laquelle je n’avais jamais été confrontée auparavant.
Frappé, en pleine nuit d’Octobre 2016, par un tremblement de terre, voilà que petit à petit la vie se réorganise dans le village autour des rares habitations et commerces qui ont échappé à la catastrophe.
Mais heureusement, aucune victime n’a été à déplorer.
A présent, la plupart des maisons sont vides de leurs occupant.e.s.
Le lierre qui autrefois courait sur le fer forgé des balcons bien alignés a pris des allures de fantôme jaune et sec.
Quand ceux-là même ne se sont pas retrouvés écrasés au sol…
On devine les quelques demeures qui restent habitées, seulement bien sûr dans la zone autorisée à y retourner vivre.
Ici, fleurissent quelques pétunias dans une minuscule jardinière adossée à un mur.
Là, un vieil homme monte péniblement les marches raides menant à la porte de sa maison.
En face, tous les volets sont cloués, et le mignon petit jardin en pointe est envahi d’herbes folles.
Les bâtiments ont été classés selon leur dangerosité.
De A pour les habitations qui peuvent être occupées à nouveau, jusqu’à E et F dans le cas d’un bâtiment inutilisable pour des raisons liées à la structure du support.
Et pourtant, depuis cette date, d’impressionnants chantiers ont démarré, des tonnes de gravats ont été évacués, un nombre incalculables d’édifices et de murs ont été renforcés, des kilomètres d’échafaudages ont été assemblés.
Mais combien de temps va prendre tout cela ?
Ailleurs, le gérant d’un Relais et Château, pour continuer à servir les groupes dans un cadre digne de l’établissement, a installé un immense chapiteau sur un grand terrain qui accueille aussi les tentes des jeunes bénévoles.
Venue-s de partout dans le monde, leur travail consiste à noter toutes les pierres, comme celles de la basilique San Benedetto, dont seule la façade est restée debout, avec sa rosace au vitrail intact, pour ensuite la rebâtir.
D’ailleurs, aucune des églises du village n’a résisté au séisme.
J’ai entendu aussi circuler le nom de Brunello Cuccinelli, il se pose en mécène pour la restauration à l’identique de la Torre Civica.
En attendant, les oiseaux ont fui les environs et quelques chats fuient à l’arrivée des rares touristes pris d’assaut par les commerçants qui ont pu reprendre de l’activité.
Les autres ont tiré la grille derrière eux, laissant les étagères brisées, les lustres effondrés et les bouteilles éclatées sur le sol composer une nature morte plus vraie que nature…
Bien à vous,
Isabelle