« SDF, ermite, clochard ou vagabond ? »
18/05/2016 Bonjour à toutes et à tous,
Étonnée d’apprendre que pour le Brevet des Collèges, les élèves se doivent de présenter à l’oral une liste d’œuvres dans la catégorie Histoire des Arts, de mon temps…
Certain-e-s collégien-ne-s ont ainsi décidé de présenter à plusieurs une courte pièce sur le thème des SDF.
Attention, ne vous déguisez pas avec des vêtements troués ! a prévenu une des mères, lorsqu’il s’est agi de choisir les costumes de la pièce…
Et ben oui, SDF ça ne veut pas dire clochard, même si dans le jargon populaire l’amalgame entre les deux est courant.
Et regrettable.
SDF, ermite, clochard, vagabond, et puis quoi d’autre encore ?
Le sigle SDF, repérable dès le XIXe siècle sur les registres de police est aujourd’hui massivement employé en France pour désigner la population sans domicile fixe.
Le mot intègre les significations de sans-logis (absence de logement), de sans-abri (victime d’une catastrophe), de clochard (figure pittoresque n’appelant pas d’intervention publique structurée), de vagabond (qui fait plutôt peur), ou encore de mendiant (qui sollicite dans l’espace public).
Des hommes isolés (les clochards), des familles (les sans-logis de 1954) et des phénomènes assez différents (absence de logement, spectacle de la déréliction dans l’espace public, mendicité, etc.) sont ainsi assemblés dans une même appellation. Julien Damon – La question SDF, Presses universitaires de France (2002) dans Lien Social.
En France, le nombre de sans-domicile a progressé de 50 % entre 2001 et 2012.
Officiellement, les critères de l’INSEE-Méthodes mis en place pour l’enquête SD2001, donnent comme définition celle de personnes qui, la nuit précédant l’enquête, ont dormi dans un service d’hébergement ou dans un lieu non prévu pour l’habitation :
Une personne est donc dite sans-domicile si elle dort dans un lieu non prévu pour l’habitation ou si elle est prise en charge par un organisme fournissant un hébergement gratuit ou à faible participation.
Ces organismes peuvent fournir des places dans des structures collectives, des chambres d’hôtel ou des appartements ordinaires.
Ces hébergements peuvent être proposés pour des durées différentes : d’une nuit à quelques jours, voire plusieurs semaine ou plusieurs mois.
Les lieux non prévus pour l’habitation sont les suivants :
– cave, parking fermé, grenier, cabane ;
– voiture, wagon, bateau ;
– usine, bureau, entrepôt, bâtiment technique ;
– parties communes d’un immeuble d’habitation ;
– ruines, chantiers, grotte, tente ;
– métro, gare, couloirs d’un centre commercial ;
– rue, pont, parking extérieur, jardin public, terrain vague, voie ferrée.
La situation des sans-domicile est définie par la combinaison de deux critères : un critère morphologique, le type d’habitat et un critère juridique, le statut d’occupation. (…).
Une personne sera dite sans-domicile un jour donné, si la nuit précédente elle a été dans l’une ou l’autre des deux situations suivantes : soit elle a eu recours à un service d’hébergement, soit elle a dormi dans un lieu non prévu pour l’habitation (rue, abri de fortune).
Les autres formes particulières de logement
Le fait d’être sans-domicile au sens de l’INSEE ne recouvre pas toutes les formes particulières de logement. Il existe d’autres situations résidentielles précaires ou inconfortables.
- être hébergé gratuitement par des membres de la famille ou des amis mais souhaiter néanmoins changer de mode d’hébergement : l’enquête Logement de 1996-97 a comporté des questions spécifiques sur les membres de la famille éloignée et les amis âgés de 17 à 60 ans ayant ce statut particulier. Le but était d’une part de les dénombrer, d’autre part d’évaluer dans quelle mesure cet hébergement était choisi et durable. On peut estimer à 192 000 le nombre des individus de 17 à 60 ans qui sont hébergés dans un ménage sans être des descendants, ni des ascendants de la personne de référence ou du conjoint. Si on enlève les étudiants, il reste environ 120 000 personnes, dont 80 000 seraient en situation d’hébergement contraint. 6 hébergés sur 10 sont des hommes, la moitié a moins de 30 ans, presque la moitié est sans diplôme.
loger dans une habitation mobile (caravane, péniche) : d’après le recensement de la population de 1999, le nombre de personnes logées en habitation mobile s’élève à 129 000, ce sont principalement les gens du voyage ;
loger en chambre d’hôtel en payant : d’après le recensement de la population de 1999, le nombre de personnes dont la chambre d’hôtel constitue la résidence principale s’élève à 51 400 ; les adultes se répartissent de la façon suivante : 22 000 ont un emploi, 10 400 sont au chômage, 14 500 inactifs (dont 6 200 à la retraite). Sur les 22 000 actifs ayant un emploi, on compte un quart de non salariés et 3/4 de salariés dont plus de 70 % exercent des emplois d’ouvriers ou d’employés ;
loger dans une construction provisoire ou une habitation de fortune : on désigne par ces termes d’une part les logements en cours de construction et d’autre par les constructions non prévues pour l’habitation mais transformées en logement. Ce sont par exemple les baraques de chantiers, les caravanes immobilisées, les cabanes aménagées, les locaux agricoles reconvertis en habitation. D’après le recensement de la population, 41 400 personnes sont logées dans ces conditions de confort minimal ;
habiter un logement sans titre d’occupation : il est impossible de connaître sur le plan national le nombre des personnes dans cette situation. Source Insee-Méthodes n°116, 2006 – 1ère partie : Définition de la population sans-domicile et choix de la méthode d’enquête : Cécile Brousse.
En janvier-février 2012, les sans-abri représentaient 9 % des sans-domicile. Ces personnes ont ainsi passé la nuit précédant l’enquête, soit dans un lieu extérieur (rue, pont, jardin pour 21 % d’entre elles), soit dormi dans un endroit plus abrité (36 % dans une cave, un parking, un grenier, hall d’immeuble, usine désaffectée …) ou dans une habitation de fortune (14 % dans une tente, une cabane, une grotte … ), dans un lieu public (17 % dans une gare, le métro, un centre commercial, un lieu de culte …), dans une halte de nuit (8 % ; définitions), ou plus rarement dans une voiture ou un camion (4 %).
Parmi les adultes francophones sans domicile dans les agglomérations de 20 000 habitants ou plus, près de la moitié étaient en hébergement collectif, un tiers dans un logement payé par une association, un sur dix à l’hôtel et un sur dix étaient sans abri.
Près de deux sans-domicile sur cinq sont des femmes.
Elles bénéficient de conditions d’hébergement plus stables que les hommes.
Ces derniers constituent la quasi-totalité de la population des sans-abri.
Un quart des sans-domicile ont un emploi, près de la moitié sont au chômage et plus du quart sont inactifs. Source INSEE L’hébergement des sans-domiciles en 2012.
A suivre, parce que les critères retenus ne sont pas les mêmes dans les pays du monde, ni au sein de l’Europe-même.
Bien à vous,
Isabelle