« Retour à la case cuisine »
26/05/2023 Bonjour à toutes et à tous,
Des fois, j’ai l’impression de faire un retour à la case cuisine, en reprenant ces gestes répétés des milliers de fois, quelques années auparavant.
Devant une pile de cagettes bleues, je trie les denrées à réutiliser, et pèle, coupe, creuse, détaille, émince les centaines de fruits qui me passent entre les mains.
Mais là, ce ne sont pas des pommes, des poires, des pêches, des abricots, des prunes ou des oranges comme en France jadis, que je prépare.
Ce sont plutôt des bananes, jaunes et roses, des mangues vertes, jaunes, rouges, des papayes, des grenades, et autres fruit du dragon.
Voilà qu’on me demande à présent de gérer les invendus de fruits, dans un premier temps, que le magasin n’a pas écoulés.
Isabelle, on a plein de bananes qui s’abiment, tu peux vite trouver une idée et aller aider en cuisine, me dit-on à peine arrivée le matin…
Ça va, c’est pas comme si j’avais pas fait ce genre de boulot durant des années et des années pour régaler toute la famille à moindre frais !
Allez, banana icecream pour tout le monde, c’est parti !
Bananes en rondelles par là, citron par ici, curd par-dessus et on mixe le tout avant de le couler dans… des gobelets en carton, ready !
Certes, je ne fais pas dans la demi-mesure question débit au travail.
Ce qui provoque toujours un même effet d’étonnement en premier abord, de la part des personnes avec lesquelles je collabore, où que ce soit.
Puis vient ensuite celui d’effarement, quand elles voient qu’en fait, je ne m’arrête pas…
20 banana icecream le premier jour, 25 deux jours plus tard, et hop, j’te fais une petite place dans le congel.
C’est prêt à vendre, on a recyclé tout ce qui allait être jeté, what else ?
La salade de fruit préparée par mes soins deux jours avant, n’a pas été toute écoulée ? Bouge pas…
Aujourd’hui c’est marmite de compote pour tout le monde, on chauffe, on touille, on mixe, on filtre… et un saladier de compote tutti frutti, un !
Ah ouais, il y a toujours aussi dans l’histoire un ou une française qui passait par la cuisine et te fait remarquer que tes pots ne sont pas couverts, alors dessus la glace est un peu plus foncée.
Et que si j’utilisais un appareil pour touiller la glace quand elle prend, entre parenthèses ça s’appelle une sorbetière ma chère, y’aurait pas quelques cristaux qu’on sent à travers.
Mais que quand même elle est très bonne, et que vu le prix et la quantité, ça vaut vraiment le coup… parce que chez le glacier d’à côté, blablabla.
Vous voulez que je vous dise, fuck you…
Parce que, et d’une, c’est pas marqué sorbetière sur mon front et de deux, je fais de mon mieux, toute seule avec mes petites mains, pour limiter les pertes du magasin, voilà, voilà.
Tiens d’ailleurs, à ce propos, si t’es libre… bonne blague, le refrain qui tue.
Alors maintenant c’est plus simple pour la réponse, vachement plus simple, même.
Je dis, ah oui… ah bon… ah d’accord… ah bien… puis je tourne les talons au bout de 5 minutes maxi avec un grand sourire, et ciao et merci, hein !
Faudra que j’apprenne ça à un de mes collègues qui ne sait pas comment mettre un terme au flot de doléances… émanants de la même personne, tiens donc.
Bref, qu’est-ce qu’on se marre en cuisine.
N’empêche que j’ai passé toutes les bananes en souffrance, il y a deux jours, toutes les mangues ce jour, et des kilos d’autres papayes, grenades, fruits de la passion…
Et que même je leur ai fait un petit guacamole pour la pause, et que demain, un autre collègue pourra se régaler d’une omelette aux pointes d’asperges
Ah oui, je les ai retirées de la poubelle in extremis.
Tout ça parce que les cuisinières, ignorant tout du légume et de sa cuisine, les avaient purement et simplement jetées dans le seau dédié aux vaches.
Oui, d’accord, je partagerai aussi mes recettes avec vous, sinon, ça vous dirait pas de faire un petit stage en cuisine…
Bien à vous,
Isabelle
