« Plus de muguet au Bois Renard »
01/05/2016 Bonjour à toutes et à tous,
C’était une tradition de notre assoc que de prévoir un petit crochet autour du 1er Mai pour aller cueillir les odorantes clochettes.
Mais cette année, plus de muguet au Bois Renard.
C’était non sans quelque appréhension que nous y retournions en cette fin Avril, car nous savions que des travaux allaient démarrer dans le périmètre de ce havre de paix situé dans l’Ouest lyonnais.
Nous nous concertions avec S. au sujet des travaux, dont on devinait l’avancée aux traçages et déviations depuis la Nationale 6.
En effet, ces jours le 2 x 2 voies a été réduit à une seule voie de chaque côté, le centre de la chaussée borné de cônes et la circulation fort difficile, sauf de nuit !
Heureusement que je ne l’emprunte qu’occasionnellement, préférant passer par la « montagne » qui offre l’avantage d’un magnifique décor et d’une circulation fluide et quasi aussi rapide.
En effet, après des années de lutte des riverains et autres associations de défense de l’environnement, d’expertises et de contre-expertises, d’enquêtes d’utilité publique qui durent depuis 1999, les travaux pour le tronçon de liaison A6-A89 ont démarré.
Malheureusement.
Déjà, rien qu’au niveau de la modification du paysage c’est terrifiant, on imagine la suite avec du trafic routier en plus…
Ce jour-là, donc, nous étions en pleins bois, entre Limonest et Dardilly, à la recherche du fameux muguet 🙂
On notait déjà le passage de certains gros engins aux empreintes de pneus qui avaient déchiré le sol et transformé le ruisseau en nappe boueuse…
Dans le silence de la forêt soudain retentit une tronçonneuse, suivie d’un crac assourdissant !
Le grand arbre est venu s’abattre sur ceux qui gisaient déjà en travers du sol.
Une immense percée, saignée à blanc vient couper le rythme de la forêt qui couvrait harmonieusement la combe jusqu’à présent.
Mais déjà, sur ma droite, se dresse une pelleteuse en haut d’un énorme monticule d’où est précipitée la terre.
De la terre, rien que de la terre.
Plus aucune trace végétale ou minérale, cailloux, arbres, buissons, fleurs, tout est à présent enseveli.
Alors que je rejoins le groupe, plus grande est encore notre stupeur alors que nous entendons tourner les camions tout près de nous.
En effet, un peu plus loin et quelques brins de muguet en main ramassés sans joie, le chemin que nous avons l’habitude d’emprunter n’existe carrément plus !
Il nous faut enjamber des tas de végétaux en décomposition, entassés dans une décharge que nous contournions autrefois…
Et là, les camions avancent effectivement dans un nuage de poussière aussi impressionnant que le bruit qu’ils dégagent, les bennes chargées par d’énormes engins qui rongent le sol jusqu’à la roche.
Pause obligatoire à hauteur du chantier, nous sommes abasourdis par ce spectacle apocalyptique dans un environnement que nous connaissions comme paisible et verdoyant, peuplé de chants d’oiseaux.
J’ai alors serré mon muguet dans mon poing et traversé avec dégoût le pont qui enjambait l’autoroute déversant ses bagnoles…
Bien à vous,
Isabelle