« Patte de velours de soie ! »
23/11/2012 Bonjour à toutes et à tous,
Après mon coup de gueule dernier, je vais aborder la bête sous un autre aspect, sa patte !
Mais ici, que du beau, du doux, du lumineux, du moelleux, parce que je fais dans la soie aujourd’hui, patte de velours oblige.
Oui, j’aurai pu écrire également, panne de velours.
Ou mousseline, organza, satin, crêpe, broché, plumetis…
Tous ces mots à vous faire tourner la tête étalés sur les quelques mètres carrés et deux étages du palais du Commerce de Lyon à l’occasion du Marché des soies, du 22 au 25 novembre 2012.
Bon, je vais encore râler parce qu’ils ont fait une faute de frappe sur leur plaquette de présentation en écrivant « Sous le parrainage d’Agnès B », il fallait bien sûr lire « Sous le marrainage d’Agnès B »…
Si vous voyiez les kilomètres la soie tournoyer à la lumière incertaine des hauts plafonds lourdement décorés, alors que se vident les rouleaux, balancés de mains en mains d’acheteuses fébriles à l’âge presque aussi élevé que la moyenne des prix du mètre de soie…
A en tomber raide…
– « Tiens, joli ce broché, vous pouvez me donner le prix ? J’en ferai bien…une nappe par exemple !
– 350 € »
Bon je crois que B. a abandonné son idée de nappe.
Parce qu’il faut faire un ourlet.
Petits conseils pour vous frayer un chemin sur la route de la soie :
Apprendre à slalomer entre les grands-pères qui transpirent du chapeau,
les grands-mères qui hochent du chignon,
les grands-pères aussi qui portent le sac des grands-mères,
les grands-pères qui portent le manteau des grands-mères,
les grands-pères qui règlent les achats des grands-mères…
les grands-pères qui tendent le bras pour frayer le passage aux grands-mères,
Bravo, vous avez gagné la médaille du parcours du combattant !
Mais pour le plaisir des sens -si, si, on peut toucher – prendre le tissu entre ses doigts et caresser la soie, se rêver vêtue d’une robe bustier en organza de soie bleue, jupe ondulante en panne de velours brodé fuchsia , ou une blouse de mousseline plumetis brochée noire…
N’oubliez pas que vous êtes ici dans un haut-lieu de la soie, et un métier à tisser mis au point par Jacquard à Lyon, fonctionne à l’étage du palais du Commerce pour l’occasion.
Son bruit caractéristique lui vaut cette appellation lyonnaise de Bistanclaque, et, comme le témoignait hier cette vieille dame, tous les habitants de la Croix-Rousse, le quartier des Canuts, ont été bercés par ce son, à tous les étages, dans tous les appartements, il y a encore peu.
Vers 1786 Lyon devenue première ville ouvrière de France, plus de la moitié de sa population vit des métiers de la soie, soit environ 30000 personnes et la soierie lyonnaise habille les cours européennes.
C’est ici, au Marché des soies que vous pouvez renouer avec la tradition et admirer le savoir faire de vieilles familles de soyeux lyonnais encore en activité, et aussi réaliser votre rêve le plus flou fou.
Bien à vous,
Isabelle