« Parfum de France »
30/10/2024 Bonjour à toutes et à tous,
Qui plus que Coco, de Channel, pouvait raviver, en moi, un parfum de France jamais ressenti à ce point en Inde, jusqu’alors ?
8000 km plus loin, je tombais, un matin, sur ce fond d’eau de toilette qui avait atterri par miracle dans le présentoir du magasin de seconde main.
A vrai dire, il y avait deux flacons, dont un largement plus rempli.
Mais, excusez du peu, je n’avais aucunement l’intention de me parfumer.
A peine rentrée chez moi, j’ai pris juste le plaisir d’ouvrir le capot noir et de humer la pompe, no comment… j’étais bien en France.
Notez que j’ai eu aussi un doute avant ce moment de pur bonheur, et si le parfum avait tourné ?
Aidée de ma mémoire olfactive très développée, je pouvais, en France ; évidemment je ne peux plus l’exercer ici en Inde, reconnaître les parfums que portaient des gens croisés anonymement.
De la même façon, je pouvais associer un parfum à la personne de mon entourage qui le portait ou l’avait porté.
J’ai pareillement toujours en mémoire l’odeur de la peau de certain, et à la consultation de celle-ci dans ma bibliothèque olfactive, le souvenir est intact.
Je vous ai sans doute déjà raconté que cette mémoire olfactive remonte à très loin dans ma petite enfance, peut-être n’avais-je même pas quatre ans.
Aujourd’hui, je suis toujours capable de sentir l’odeur du roastbeef qui grillait sur la cuisinière à bois de ma grand-mère, ou de la brioche fumante qu’elle sortait du four.
Mon éternel regret ; je doute que l’invention voit le jour de mon vivant, aura été de ne pouvoir partager les souvenirs olfactifs comme on partage les souvenirs visuels.
En cela, nos corps ont perdu tellement des sens dont la Nature nous avait doté·e·s à l’origine.
Plus besoin de repérer un danger à l’odeur, animal proche ou feu qui couve, ni même le délicieux parfum d’un fruit mûr pour se nourrir.
Quant à l’espace visuel d’humain, il est à ce point saturé qu’il en est même encombré.
Combien suis-je heureuse de n’avoir que les arbres de la forêt pour unique horizon !
Pas de centres commerciaux, ni de circulation, ni d’urbanisation à outrance, un projet de réseau routier qui est un gros flop, pas de foule ni d’affichage public, nous sommes encore relativement épargnés.
Bon d’accord, j’ai accès aux réseaux sociaux et à internet, mais l’avantage, c’est que je peux trier et doser mon temps d’exposition à ceux-ci.
Je reviendrai sous peu vous raconter ce qu’il est advenu de ce parfum de France, et pour l’anecdote, il a été créé il y a tout juste 40 ans.
Bien à vous,
Isabelle