« Panique aux urgences »
14/03/2015 Bonjour à toutes et à tous,
« – Et cette nuit, vous ne pouvez pas le ramener dormir chez vous ?
– … ???
– Vous habitez loin ?
– Ben… c’est juste qu’il est minuit trente et que j’ai rien pour le coucher en arrivant, heu… dans une heure au mieux après les examens…
– Parce que là, j’ai aucune chambre et je peux pas le mettre sur une couchette, vu son état rachitique, il ne va pas dormir et faut qu’en plus ils aient l’oeil sur lui la nuit, pour pas qu’il parte… »
Pour le coup, c’est moi qui hallucine devant le discours que me tient le médecin urgentiste, en quête d’une chambre pour un vieillard de 87 ans, lequel cherche désespérément sa montre.
Ah oui, quelques heures auparavant, c’était un grand costaud qui ne voulait pas sortir de sa chambre, malgré la gardienne de la résidence appelée à la rescousse, peut-être était-ce lui qui avait volé sa montre d’ailleurs ?
Alors c’est le SAMU qui est venu le mettre en « sécurité » pour la nuit…
Nous nous sommes donc retrouvés aux urgences aux alentours de minuit, et ça l’a fait rire parce que nous nous étions quittés en fin d’après-midi, une fois les courses faites, autour d’un café à la maison, sur la terrasse ensoleillée.
C’est sûr qu’on ne pensait pas se revoir de si tôt !
Mais entre temps, il y avait eu cet épisode avec le cambrioleur…
Et même après avoir fait le tour de l’appartement avec la gardienne et fouillé dans les moindres recoins, la crainte de le voir revenir persistait.
Ce qui n’a pas manqué d’amener cette déduction à l’autre médecin présent aux urgences, que pour que ce monsieur soit si traumatisé, c’est qu’il revivait certainement un événement survenu il y a peu.
A cela près qu’il y a neuf mois, c’est chez moi que rentraient les cambrioleurs pendant le déménagement du monsieur en question, au cours duquel il nous avait copieusement arrosés de tous les noms d’oiseaux…
Et que oui, j’en ai gardé un souvenir vraiment traumatisant moi, à nettoyer et ranger mes placards jusqu’au petit matin, en plus du préjudice du vol et de la fatigue accumulée durant toute la journée, Petite chronique souvenir ici !
Heureusement, au bout d’un loooooong moment, un lit s’est avéré disponible, tandis que pendant ce temps, j’essuyais les commentaires (reproches ?) appuyés de l’urgentiste.
« – Mais vous ne pouvez pas le laisser seul ainsi… il y a un moment où il ne faut pas se laisser dominer par les sentiments… ça fait combien de temps qu’il a ce genre de comportement ?… »
Vous savez, Madame, de son temps, la psychiatrie… et je ne suis pas (encore) psychanalyste non plus pour faire le bilan de toute une vie qui ne m’appartient pas…
Au secours, Patrick Pelloux, ils sont devenus fous !
Un jour plus tard, il était heureux que je lui amène sa montre, mise précieusement de côté, le temps de faire une lessive, trier le frigo, nettoyer la table.
Deux jours plus tard, il était incapable d’ouvrir l’oeil, un peu trop shooté, j’en parlerai au médecin quand même, dixit l’infirmière, après une deuxième nuit très agitée et surtout mobilisée à vouloir foutre le camp…
Bon, en tous cas, j’ai bien noté dans mon agenda, de lui acheter le Canard Enchaîné mercredi, ça devrait lui redonner le sourire !
Bien à vous,
Isabelle