« Nous planterons des arbres »
20/03/2023 Bonjour à toutes et à tous,
Nous planterons des arbres.
C’est vraiment l’intuition que j’ai eue, après le gros moment de stress ressenti en entendant vrombir à nouveau les tronçonneuses.
Il n’était même pas encore sept heures du matin que le sale boulot reprenait.
Perturbée par cette nuisance sonore dans mes oreilles, je me suis carrément trompée de direction en me rendant dans la chambre du Matrimandir.
Je m’engageais tout à gauche alors que les flèches blanches sur fond vert indiquaient bien par la droite pour atteindre la montée d’escalier.
Au moment où je réalisais mon erreur, j’aperçus en même temps la personne chargée d’accueillir le public me faire de grands signes de la main.
Ensuite, toute à ma concentration du matin, j’en appelais à Mère pour répondre à ma question du moment.
Que faire en réponse aux coupes sauvages d’arbres dans la forêt ?
J’eus alors l’intime conviction en retour qu’il nous faudrait planter, planter et planter de nouveaux arbres.
Curieusement, l’un de mes proches eut la même réponse presque simultanément, planter.
C’était sans compter que notre légendaire tradition de contestation à la française n’est pas du goût de tout le monde dans les rangs auroviliens.
M’ouvrant à une personne et lui faisant part de cette idée, à ma grande surprise, elle ne manqua pas de s’en offusquer et de désapprouver ce geste.
Les ordres sont les ordres, on nous a interdit de planter des arbres, point barre, fut sa réponse en substance.
Comment pouvais-je entendre cela, à l’instar de mes oncles, au hasard, qui avaient bravé les ordres nazis et s’étaient engagés dans la Résistance.
Heureusement que certaines personnes ont défié les ordres et la loi un jour dans leur vie pour sauver celle de millions d’autres.
J’en eus froid dans le dos d’imaginer tout un peuple français regardant défiler sans broncher ces convois d’hommes, de femmes et d’enfants déportés vers les camps de concentration…
Certes, tous les pays n’ont pas vécu cette guerre-là, mais quand bien même ?
Me revint alors en tête ; mais je le gardais pour moi, le poème du Pasteur Niemöller, qui commence ainsi « Quand ils sont venus chercher…
Mon dernier argument, et non des moindres, était l’héritage de Mère ; également française, est-ce un hasard ?
Elle, qui n’eût cesse de bousculer l’ordre et les choses établies.
Elle, qui, d’ailleurs envoya les pionniers planter des arbres, de nuit, sur le plateau aride de la future Auroville.
Nous planterons des arbres, c’est dit.
Quand, comment et où, la petite idée germe déjà.
Bien à vous,
Isabelle
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