« Nous avons tout prévu »
15/05/2013 Bonjour à toutes et à tous,
Reçue hier, une lettre de ma compagnie d’assurance qui disait entre autre : « Récupérez vos points de permis ! Cela peut arriver à tout le monde, y compris aux conducteurs prudents. C’est pourquoi nous avons tout prévu pour préserver votre permis de conduire… »
S’en suivait la proposition de prise en charge d’un stage de récupération de points, parce qu’en un an, 12 millions de points avaient ainsi été perdus par les automobilistes, parait-il.
Nous avons tout prévu…
Et puis l’actualité traitait des débordements violents de la veille, lors de la manifestation organisée en l’honneur de l’équipe du PSG dans les rues de Paris, aussi imprévisibles qu’inexpliqués.
Des voix virulentes s’élevaient contre le gouvernement qui n’avait pas pris la mesure du risque ni anticipé en plaçant davantage de forces de sécurité.
La semaine dernière, j’ai entendu qu’un millier de personnes avaient organisé une marche en hommage au jeune garçon d’une dizaine d’années emporté par les eaux d’une rivière en crue alors qu’il jouait au foot sur les berges.
Leurs revendications s’adressaient à la municipalité afin que les abords de la rivière soient sécurisés.
Ces jours, les retombées de la Loi Robien commencent à faire grincer les dents, parmi ceux qui, alléchés par la promesse de défiscalisation ont contracté un emprunt pour financer l’achat un logement.
Sur plan, et dans lequel ils n’ont jamais vu s’installer un seul locataire alors que l’échéance des 12 mois approche mettant un terme à ladite mesure gouvernementale.
J’ai eu l’impression que tous ces événements dégageaient la même sensation désagréable : il faut des coupables pour les choses désagréables qui nous arrivent…
Oui, il faut des coupables à tout ce nous qui arrive et que nous ne maîtrisons pas.
Il faut des coupables en réponse à tout ce qui m’est désagréable et pour lequel malgré toutes les précautions dont m’entourent les assureurs, les experts, les conseilleurs, les politiques, les publicitaires et autre démarcheurs d’un monde parfait, personne n’a su me protéger…
Oui, où sont les mille et une tentatives de tous ces gens qui me mettent entre leurs mains pour que plus rien de désagréable ne m’arrive dans ce monde hostile ?
Ceux qui me promettent depuis ma plus jeune enfance, des couches sans fuites, des aliments sans morceau, du soleil sans brûlure, du sucre sans kilo, de l’alcool sans ivresse, des muscles sans fatigue, un corps sans ride, une vie sans contrainte, des revenus faciles, des fruits sans épine et des actes sans responsabilité…
Ah, je crois que je viens de dire un gros mot là : responsabilité…
Cela peut arriver à tout le monde de perdre des points sur son permis, même aux conducteurs prudents.
Sauf que le jour où j’ai été flashé en excès de vitesse, le coupable avait bien le volant entre les mains…
La fête allait battre son plein sur les Champs-Elysée pour honorer le foot et le PSG, les gens exprimaient leur joie.
Sauf que le gouvernement est franchement coupable de n’avoir pas déployé 10 fois plus de service d’ordre.
C’est normal que des enfants jouent au football près d’une rivière.
Sauf que la commune est coupable parce qu’une rivière était en crue dans un secteur placé en vigilance rouge, il aurait fallu monter une digue de plusieurs mètres de haut pour en écarter le danger.
Je vais perdre quelques dizaines de milliers d’euros dans un projet immobilier prometteur que me présentait un type d’apparence respectable.
Sauf que le coupable a bien pris le stylo en main pour signer ce jour-là, me jetant précipitamment sur la réduction d’impôt qu’il me faisait miroiter.
Ben oui, prendre ses responsabilités, envers soi, envers son entourage, envers la vie, envers ses choix, c’est politiquement incorrect.
Prendre ses responsabilités et assumer les conséquences de ses actes.
Même quand les choses dérapent.
Tiens, ça me rappelle aussi d’un coup un certain Monsieur Jérôme C.
C’est vrai que la mouvance nous voudrait tous victimes.
Et pour mieux nous protéger, on nous garantit contre tout.
Pour mieux nous manipuler, non ?
Pas de bourreau sans victime, ça va de pair.
Bien à vous,
Isabelle