« L’état qu’aucun guide touristique ne recommande »
17/03/2018 Bonjour à toutes et à tous,
Je suis dans l’état qu’aucun guide touristique ne recommande.
Il y est dit, en deux phrases dans Wiki, rubrique Economie que le sol regorge de bauxite, de fer et de charbon. Les compagnies minières y prolifèrent.
Et dans la rubrique Divers, qu’il est un des États qui abrite la guérilla des naxalites.
La forêt couvre 29,45 % du territoire de cet état indien, le Jharkhand, ou terre de la forêt en hindi.
Elle est une ressource indispensable à la vie des villages tribaux qui ne dépendent que de la cueillette de fruits des arbres, fleurs et plantes médicinales.
Et en ce mois de Mars, dans la forêt magnifiée par l’orangé des palash en fleurs, impossible d’oublier qu’il est l’arbre emblématique de l’état !
Mais le gouvernement en a décidé autrement, puisque la vente des forêts pour l’exploitation minière, à des sociétés indiennes et étrangères dont Mittal, Tata, Birla… lui profite directement.
Les adivasis, ou aborigènes de l’Inde, se retrouvent alors privés de leurs droits à vivre des ressources de ces forêts qu’ils habitent depuis des générations.
Et également victimes de déplacement forcés massifs dans la région de l’Assam pour contribuer à la production du thé.
En effet, aucun d’entre eux ne possédant de titre officiel de propriété, c’est maintenant la lutte, souvent violente, de David contre Goliath pour faire valoir leurs droits et obtenir ces documents, individuellement ou collectivement, qui leurs sont vitaux.
B. le fondateur de l’association NSVK, nous emmène sur le terrain à Bakaro, où après une descente sans fin dans un décor sinistrement gris, nous découvrons que subsistent encore quelques maisons, maintenant au bord du gouffre des mines de charbon à ciel ouvert.
L’ampleur des dégâts est juste… vertigineuse.
R., accroupi auprès des salariés de la mine dont il défend également la cause sans relâche et depuis toujours à travers l’action d’Ekta Parishad, harangue une fois de plus son auditoire, ainsi que nous le verrons faire auprès de toutes les populations tribales rencontrées.
Dans leurs uniformes impeccables, des écoliers, par grappes de trois ou quatre remontent d’on ne sait où, et traversent l’enfer de la mine sur des chemins défoncés, doublés par d’effrayants camions aux roues bien plus hautes qu’eux.
La poussière que soulève notre véhicule envahit l’habitacle, trop tard pour fermer les fenêtres, nos gorges sont déjà brûlantes et nous peinons à respirer.
Bien à vous,
Isabelle