« L’enfer du décor »
28/08/2023 Bonjour à toutes et à tous,
Ce jour-là, après avoir découvert l’envers du décor, je ne savais pas que j’allais vivre l’enfer du décor.
J’avais fini ma pause au pied du neem tree en danger et rejoint ma coéquipière du matin qui, tout comme moi, s’activait sur son téléphone, notre mission terminée.
Et oui, c’est ça les femmes d’affaires !… que je lui lançais, ce fut un grand moment de rire après tout ce stress accumulé.
Comme je reprenais mon chemin à pied, c’est fou comme tout est différent quand on marche, je croisais un groupe de touristes qui se rendaient au nouveau viewpoint.
A ce moment-là, je ne sais pas ce qui m’a pris.
Sans réfléchir, je leur ai emboîté le pas.
Moi, mon sac noir avec Paris floqué en blanc de chaque côté, mes lunettes de soleil et ma gourde à la main, ça passait crème.
Parmi tous ces touristes, en couple ou en famille et de couleur locale, j’incarnais parfaitement la touriste occidentale, blanche, isolée…
Chemin faisant, pour mieux me fondre dans la masse, j’ai aussi pris mon téléphone en main.
En parfaite paparazzi, je commençai d’abord à photographier moultes détails, la nouvelle signalétique, les panneaux aux logos douteux, à défaut de faire des selfies.
Je ne vous cache pas que c’était ce que tout le monde était en train de faire autour de moi.
Alors que les groupes s’engageaient sur le chemin de gauche, bien évidemment, j’ai pris celui de droite, complètement désert.
Là, j’ai cru que j’étais tombé dans le mauvais film… ou dans le mauvais décor.
Un vaste lieu, genre zoo bas de gamme pour lions pelés et singes décérébrés s’offrait à ma vue.
Sur la crête qui entourait une immense fosse grossièrement improvisée, gisaient des cadavres d’arbres secs, tronçonnés, mutilés, décapités.
En fait, je venais d’ouvrir la boîte de Pandore, car plus j’avançais, plus je découvrais l’horreur partout autour de moi.
C’était donc là qu’on cachait les mensonges faits à la communauté, après avoir proclamé que les arbres arrachés, pardon prélevés, allaient être replantés.
Zero chance de survie pour quatre-vingt dix pour cent d’entre eux.
Ce n’était pas le maigre filet d’eau donné par une employée qui allait les ramener à la vie par 40° tous ces jours.
Soudain, plus rien ne m’a arrêtée et pour documenter le truc, j’ai commencé à mitrailler avec la pression qui montait un peu quand même.
Là j’ai flairé que j’étais tombée sur un truc dont personne de la communauté n’avait connaissance.
Un endroit où personne n’avait sans doute jamais mis les pieds, car franchement, on n’a que faire des circuits touristiques.
Quittant ce champ de bataille complément groggy, même le petit déjeuner, pris après pour me requinquer, ne passa pas, c’en était trop pour moi.
Quant aux menteurs et aux mensonges, la boucle était bouclée.
Bien à vous,
Isabelle