« Le vacarme du cyclone dans les oreilles »
09/12/2022 Bonjour à toutes et à tous,
Soudain ça s’est arrêté…
Et pourtant, j’ai toujours le vacarme du cyclone dans les oreilles,
J’entends tourner et retourner le vent dans les arbres qu’il tordait.
Il hurle encore par tous les interstices des portes, des fenêtres, du toit.
C’est calme, beaucoup trop calme tout d’un coup.
En fait, je suis épuisée d’avoir eu à lutter contre le froid et l’humidité qui nous ont envahis.
Par prudence, le premier soir, alors que le cyclone s’annonçait, j’avais poussé les carreaux des baies vitrées pour en obturer l’ouverture, mais sans possibilité de les maintenir fermés.
En pleine nuit, c’est le froid et la pluie battante qui m’avaient réveillée, la fenêtre proche de mon lit grande ouverte par le vent et plaquée contre le mur extérieur…
Dans l’impossibilité de remédier à cela, j’avais émigré au côté opposé dans mon lit, m’enveloppant la tête d’un châle et étrennant mes nouvelles chaussettes.
Quelle bonne idée j’avais eu, une semaine auparavant, d’acheter cette magnifique paire, pure laine et tricotée main par des réfugiées tibétaines de l’Himachal Pradesh !
Il n’empêche que le matin j’étais plutôt mal en point, ayant tourné et retourné toute la nuit, cherchant veinement à me réchauffer.
Le cyclone se rapprochant de plus en plus en cours de journée, je fouillais au fond de ma caisse de vêtements pour en extraire… une paire de leggings !
Suivit une paire de chaussettes en coton que j’enfilais aussitôt avant de glisser mes pieds dans des pantoufles offertes à mon dernier visiteur, et pas encore débarrassées, une aubaine.
Ainsi couverte des pieds à la tête, je suivais les mouvements du cyclone, quand la connexion se faisait, entre deux thermos d’eau chaude, quand l’électricité revenait.
Tout en pensant avec empathie à la nature torturée par la tempête s’abattant sur elle, il me sembla que j’en étais tout autant affectée.
Sans énergie, des douleurs dans les membres suivis d’une grande fatigue me confirmèrent que je luttais également physiquement.
Vers dix-sept heures, épuisée sans être sortie de chez moi, un comble, je décidais de m’allonger pour me réveiller deux heures plus tard, quelque peu retapée.
Cette fois-ci, j’avais calé toutes les fenêtres avec de gros plots en ciment, désireuse de ne pas revivre le cauchemar de la veille…
Le vent hurla de plus bel à l’extérieur, mais rien n’y fit, il ne put arracher mes carreaux !
Par chance, j’avais pu négocier et me faire livrer mes courses à domicile plutôt que de me risquer à prendre mon vélo sous la tempête ce même jour.
Je me félicitais aussi d’avoir anticipé en passant commande de compote, confiture, fromage et même 2,5 kg… de bananes, une erreur de relecture sans doute !
Ainsi pas de soucis côté victuailles, je pouvais tenir le siège quelques jours.
Alors Mandous, de son petit nom, a mûgi et tout secoué durant des heures et des heures.
On échangeait avec des amis eux aussi bloqués quelque part en Inde.
J’ai reçu des vidéos de pans de plage entiers et avec cocotiers qui partaient à la mer, on suivait la trajectoire en direct.
La nuit suivante, dans mon sommeil, plusieurs fois j’ai ouvert l’oeil et constaté que ce n’était pas encore fini.
Et puis, me réveillant tard le matin, enfin plus tard que d’habitude, voilà que le vacarme avait cessé.
Certes, il pleuvait toujours, par contre le ciel ne se déchirait plus et quelques crapauds coassaient.
Ça aurait pu être le début d’une journée normale, mais des rafales de vent tourbillonnaient encore dans mes oreilles…
Bien à vous,
Isabelle
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