« Le sel et les piments »
02/03/2024 Bonjour à toutes et à tous,
J’ai beau protester face au billet qu’elle me tend, elle m’explique que je ne peux pas refuser et qu’on fait toujours ça lorsqu’on offre du sel ou des piments.
C’est une tradition pour ne pas briser l’amitié, elle s’applique aussi aux pickles, le salé donc, et maintenant, je sais presque tout.
Effectivement, je sais déjà que dans la culture indienne, par exemple, on ne porte jamais de vêtements de deuxième main.
Pas plus qu’on ne va accepter un peigne qui aurait déjà servi, ne serait-ce qu’une fois, ou une casserole d’occasion, fut-elle en bon état.
Au point même de refuser un geste spontané d’amies, bien que vivant toutes aux Etats-Unis, qui pensent faire plaisir en lui offrant le foulard qu’elle a trouvé joli sur elles.
Il n’y a que les personnes de moindre condition qui pratiquent le second hand, cela est inhérent à leur niveau très bas dans l’échelle sociale.
Je pense que la majorité d’entre nous, western people d’Auroville, on doit être très mal vu par ces personnes issues de catégories sociales favorisées.
Bref, on va pas se refaire, j’ai zéro budget pour mes tenues vestimentaires et je m’en porte très bien à porter ce que d’autres ont déjà porté, c’est dit !
De plus, ça me permet de renouveler régulièrement ma garde-robe, selon l’usure ou les tâches inévitables au jardin et au travail.
C’est en parlant confection que me revient soudain en mémoire ce précieux livre sauvé d’une mort certaine, pour ne pas dire une poubelle, vu le public ciblé à qui il s’adresse.
Il y a deux jours encore, je me disais, mais à qui vais-je bien pouvoir l’offrir ?
Trop précieux pour mettre dans n’importe quelles mains, vous comprenez, alors j’attends.
Aujourd’hui elle est arrivée et… repartie avec le livre et les piments fourrés dans son sac bien trop petit !
Bien à vous,
Isabelle