« La pluie en Sicile comme au Portugal »
12/11/2020 Bonjour à toutes et à tous,
C’était écrit, la pluie en Sicile comme au Portugal tu auras !
Mais cela n’avait affecté en rien ses envies d’îles et de volcans.
Certes, il était rentré de nuit, au pas de course et trempé, cependant son ascension du Stromboli il l’avait faite.
Même sans aucune visibilité.
Même sans rien à boire ni manger, puisque tout commerce était fermé.
Même tout seul puisque l’excursion de groupe avait été annulée…
Et le lendemain matin, levé bien avant le soleil, il avait remis ça, toujours dans l’obscurité.
Il avait alors soudain assisté au spectacle le plus extraordinaire de ma vie puisqu’une éruption le cueillait à peine arrivé.
Mais à son retour une autre surprise l’attendait.
Le bateau du matin n’était pas au rendez-vous pour cause d’intempéries, il allait falloir patienter…
Qu’à cela tienne, comme toujours dans ces cas-là, il m’appela pour partager ses découvertes.
Ou par prudence, comme lorsqu’il descendit du volcan, seul, torche du téléphone en main dans la nuit la plus complète !
Pour le Portugal, c’était différent.
Il avait mis quand même une veste dans sa valise, et pas seulement trois tee-shirts.
Donc même sous la pluie, il n’allait pas grelotter de froid cette fois.
Par contre cette même pluie l’avait de nouveau obligé à modifier ses projets.
Dans Les Açores, il ne verrait les dauphins, les orques et autres cétacées que depuis un bateau pneumatique.
Pas de baignade, pas de plongée, excursions annulées.
Cela ne l’empêcha nullement de monter à l’ascension d’un autre volcan, mais éteint celui-là, Montanha do Pico, 2351 mètres d’altitude.
Oui, rien que ça, le sommet le plus haut du Portugal, mais en ayant prévu un solide ravitaillement en boisson et casse-croûte pour cette nouvelle ascension !
Et de photographier à qui mieux mieux les vaches broutant dans l’herbe humide, les murs de pierre couverts de mousse et de lichens.
Je ne pus m’empêcher de lui demander, s’il n’avait pas fait une erreur de destination, l’Écosse plutôt non ?
Dommage pour la vue une fois de plus, la brume couvrait le sommet de la montagne qu’il redescendit de la même façon, au pas de course !
Sûr que l’application marchait bien, nous recevions tous les jours des rapports détaillés sur ses performances sportives, énergétiques et compagnie…
Mais le jour d’après, la pluie redoubla.
C’est donc bien au sec dans sa chambre que par deux fois il m’appela pour de longues heures de conversation.
Car en effet comme en Sicile, tout poussait abondamment là-bas aussi, avocats, bananes, goyaves, grenades, figues, de quoi partager passionnément…
Et étrangement, lui là-bas, comme moi en Inde, une fois de plus nous constatations avec regret que les locaux aient complètement perdu les savoirs et traditions anciennes.
Plus personne pour ramasser les goyaves ou les oranges qui jonchent le sol, plus personne pour entretenir le patrimoine.
Et quand à son tour il ramassa des graines de fruitiers, une déformation familiale, on le découragea tout comme moi d’obtenir quoi que ce soit en les plantant…
Tout cette connaissance perdue au profit de la modernité et du sacro saint plastique qui vous remplit le ventre de denrées, tout sauf alimentaires, conditionnées en sachets…
Mais l’idée germait dans sa tête comme dans la mienne depuis toujours.
Quoi qu’il arrive nous planterions !
Bien à vous,
Isabelle