« La lampe de la pauvreté n’a pas de lumière. »
19/11/2013 Bonjour à toutes et à tous,
Proverbe persan en intro, suite à une info qui est passée hier matin et m’a laissé un goût étrange…
Dans le quartier de Lyon Perrache, le campement constitué de près de 400 personnes installées depuis l’été sous le pont de l’autoroute du soleil, le Pont Kitchener, a été évacué.
Ah, je me suis dit, vite vite, il faut nettoyer Lyon de ses zones d’ombres avant la Fête des Lumières, elle arrive à grand pas.
Dans moins de 3 semaines, il n’y aura plus trace de ces demandeurs d’asile d’origine albanaise pour la plupart.
Le 11 octobre dernier, le Juge Gérard Vaucher, Vice -Président du TGI de Lyon chargé du dossier, est même venu tenir son audience sur place au lieu de siéger au tribunal…
Bataille juridico-politique sur fond de compétence : à qui incombe la gestion de cet espace, Grand Lyon, Etat… si j’ai bien compris, tout le monde se rejette la balle tandis que des ONG, des riverains, des avocats se démènent pour ne pas laisser, ici, plus longtemps survivre ces gens en totale détresse.
C’est vrai qu’en plein carrefour, sous l’autoroute, les enfants qui mendient aux feus rouges ça fait désordre.
Et puis toutes ces tentes accrochées les unes aux autres depuis l’été, pensez donc près de 400 personnes, c’est plus voyant que les 2 ou 3 tentes des SDF qu’on avait pris l’habitude d’y voir toute l’année.
Pour faire court – Wiki le développe toujours mieux que moi – les albanais quittent massivement leur pays depuis la fin des années 90, à la chute d’un régime politique pour le moins contestable, et environ 900.000 personnes, soit près d’un tiers des albanais fuient le pays, pour vivre, principalement, en zone frontalière Italie et Grèce.
30 ans, c’est la moyenne d’âge de la population albanaise, qui essaie de composer avec un des niveaux de vie le plus bas d’Europe, pas besoin de vous faire un dessin pour comprendre le pourquoi du comment…
Tout le monde rêve d’un avenir meilleur, évidemment.
Tiens d’ailleurs, les immigrés italiens, qui traversaient la neige des Alpes à pied avec femmes et enfants pour arriver en France, ça a aussi fait couler beaucoup d’encre à l’époque…
A ce propos, feuilletez donc le très beau livre de Jean-Luc de Ochandiano « Lyon à l’italienne », car vous y apprendrez que l’immigration italienne est la plus importante à Lyon du XIX siècle aux années 1960.
Et maintenant, qu’est ce qu’il en reste au juste ?
Il reste des souvenirs, souvent nostalgiques, qui se racontent à travers les archives, le paysage urbain, les couleurs de la ville.
Et puis me revient aussi le livre d’Azouz Begab, le Gone du Chaâba, lorsqu’il parle de son enfance de fils d’immigrés algériens né en 1957, dans les bidonvilles de l’époque, à Villeurbanne, banlieue de Lyon.
Ah oui, des bidonvilles dans la région lyonnaise, déjà en 1957…
Bon, finalement, tout ça pour dire qu’on aurait pu avoir une scène contemporaine de crèche vivante sous le Pont Kitchener à Lyon pour Noël.
Surtout que la famille du futur petit jésus en fuite, ça devait ressembler à peu près à ce tableau, non ?
Bien à vous,
Isabelle