Petite chronique « La fascination pour les monstres…

« La fascination pour les monstres »

Vous avez aimé :

06/06/2024 Bonjour à toutes et à tous,

La fascination pour les monstres - Crédit photo izart.fr
La fascination pour les monstres – Crédit photo izart.fr

Est-ce la fascination pour les monstres qui a contribué au succès de David Hamilton, le photographe en vogue dans les années 70, et totalement décrié par la suite ?

Je me suis toujours demandée pourquoi les jeunes filles de mon époque éprouvaient tant d’engouement pour ses portraits de préadolescentes dénudées.

Ces clichés, nauséabonds mais prétendument érotiques, avaient le don de me donner la gerbe.

Force est d’admettre que ces photos revêtaient avant tout un caractère pédo-pornographique

Avec le recul, et suite aux prises de parole de femmes qui dénoncent tous les abus commis à leur encontre par des hommes issus du milieu artistique, on y voit plus clair.

Entre ados, nous avions pris pour habitude d’appeler ces collectionneuses de cartes postales et autres calendriers du prétendu artiste, les nymphettes.

Avec stupéfaction, j’ai appris nous les définissions avec les mêmes mots que leur donnait l’auteur pervers de ces photographies.

Maintenant que les langues se délient et que les accusations tombent, il me semble que cet engouement glauque était en fait un acte de survie, une façon de cristalliser l’innommable.

Parce que l’horreur se situe bien là, imprimée dans les corps violentés de milliers de filles, adolescentes et femmes, au-delà des mots et du temps.

Si l’opinion publique encense les travaux troubles de ce photographe renommé, alors finalement mon histoire n’est pas si moche, mon agression n’est pas si violente, ma vie n’est pas si triste.

Ma douleur est artistique, quelque part pour certains regards, même de façon humiliante, et même de façon blessée, j’existe. 

Certaines y auront vu comme une reconnaissance malgré leurs tristes existences, mais hélas, il n’y aura jamais eu ni expression ni réparation du trauma ni possible résilience.

Et ces mecs-là, nauséabonds à souhait, ont maquillé leur perversion sous couvert de création artistique.

C’est terrifiant de constater combien de personnes ont été entraînées dans le sillage du mensonge de ces malades.

Alors quand tout le monde autour ment, et pire, contribue à l’engouement odieux, elle fait quoi la personne en souffrance ?

Elle se glisse sans bruit dans la peau du mensonge collectif, histoire peut-être de prendre part à l’ivresse collective et d’oublier.

Tais-toi, c’est tout ce qu’on t’a demandé, message reçu.

Bien à vous,

Isabelle

Isabelle alias Mam's
https://izart.fr
« Petites chroniques » sont produites sous Licence Creative Commons : Oeuvres protégées, leur reproduction, copie, modification sont soumises à autorisation de l'auteure.

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.