« Julieta, de mère en fille »
15/06/2016 Bonjour à toutes et à tous,
En remontant le trottoir, le long d’une librairie, mes yeux se sont soudain posés sur le titre d’un livre en vitrine.
Ma mère et moi, comme un écho troublant au film que je venais de quitter, Julieta d’Almodovar, tiré de Fugitives, une série de nouvelles d’Alice Munro.
Julieta, de mère en fille, une infernale machine à remonter le temps est en route.
La femme engendre autrui dans son propre corps.
L’homme engendre par procuration dans le corps d’autrui.
C’est peu et c’est beaucoup à la fois, et c’est toute la différence.
Surgissent, dans le film, ces statuettes phalliques, comme autant d’étranges poupées vaudou, façonnées par l’artiste.
Les mères engendrent des filles, et les hommes au milieu de tout ça, passent et trépassent…
Cette fois, c’est le destin qui est en route, et la route est longue et sinueuse.
Voyages initiatiques, rendez-vous manqués, le poids de la culpabilité est à tous les croisements.
De larmes en compassion, plein d’intelligence et de finesse, le quotidien n’en est que moins banal.
Et chacun-e d’avancer, mais vers quoi, le sait-elle ou le sait-il, quand le passé se conjugue au présent ?
Ni plombant, ni flippant, ni larmoyant, juste des vies un peu trop remplies qui s’éteignent.
Et qui débordent d’amour, heureux ou pas.
Mentir, se mentir, taire, se taire, se terrer, s’enterrer.
Julieta avait une fille.
Et un mari.
Et une mère.
Et une amie.
Un père et un amant vivants.
Il est des blessures secrètes qui vivent d’amour et d’eau fraîche.
Murmures à la mère, murmures à la fille, entrez en silence dans le monde de la solitude.
Arrogante solitude qui délie les unions et fige la silhouette unique.
Dans la nuit noir, un grand cerf court après le train de la vie…
Bien à vous,
Isabelle