« Je tombe sur la photo »
24/05/2024 Bonjour à toutes et à tous,
Je fais défiler sa story sur Instagram, et là, en dernier cliché, je tombe sur la photo en noir et blanc, où, les cheveux en l’air, il suce son pouce.
Cette photo a été prise par un de leurs tontons, il y a précisément 32 ans et 5 mois, damned.
Impossible de me tromper sur la datation, l’autre enfant sur la photo à la frange coupée au ciseaux, à main levée, c’est signé.
Je me souviens avoir fait un peu la gueule quand je les ai récupérés chez leur grand-mère…
Par contre, je n’ai jamais compris pourquoi elle faisait ce genre de truc absolument horrible, tout comme de ne jamais assortir leurs tenues.
Pourtant dieu sait si je lui facilitais la tâche en préparant tout, coordonnant d’avance les hauts avec les bas dans les valises.
Bref, elle faisait ce qu’elle voulait avec ses petits-enfants quand je n’y étais pas, et je ne m’en mêlais pas, c’était leur affaire, leurs moments de complicité et de décompression.
Et puis, je vous rassure, elle n’a pas fait que des conneries avec eux, dieu sait qu’ils en gardent de bons souvenirs !
Mais voilà, c’était de bonne guerre puisqu’ils obtenaient d’elle ce qu’ils n’auraient jamais obtenu de moi.
Pensez donc, réaliser des applications de pommes avec broderies sur les genoux du seul pantalon qu’il voulait porter et qui avait, horreur, un trou !
C’est sans doute pour cela qu’il réalise à son tour de très belles applications et broderies sur ses propres vêtements, maintenant, allez savoir.
Moi, je me souviens du joli survêtement violet, en suédine, qu’il acceptait de porter en remplacement du beige aux genoux décorés de pommes, quand il fallait le laver.
Inévitablement, un jour les genoux du violet ont connu la même mésaventure.
On n’allait pas attendre de revoir la grand-mère pour espérer une opération miracle.
Avec le consentement de son propriétaire, on a switché du modèle pantalon au modèle bermuda.
Et même qu’il a passé tout l’hiver très heureux habillé comme ça, des fois faut pas chercher.
Il avait déjà ses lubies et des goûts très très très précis en matière de fringues.
Pas étonnant me direz-vous, qu’il évolue dans ce domaine, et publie régulièrement des clichés de ses armoires et tiroirs où tout est repassé et plié au carré…
J’avoue que j’étais assez, beaucoup même, attentive à coordonner les matières et les vêtements que je portais en France.
Oui, je l’avoue, je repassais tout, aussi, mais ça m’a bien passé, parce qu’en Inde, et particulièrement ici, c’est peine perdue que de vouloir faire toilette.
Tôt ou tard, la terre ocre rouge d’Auroville, chargée de fer et si caractéristique, aura eu raison de toutes les couleurs et de toutes les matières, que ce soit du tissu, plastique, bois, papier, cuir.
Voilà pourquoi je regarde défiler, en souriant, toutes ses petites stories, agrémentées de conversation entre connaisseurs de pompes en cuir, de seersucker, de bonnets, de cachemire… et tutti quanti.
Bien à vous,
Isabelle