« Je monte la garde »
30/03/2023 Bonjour à toutes et à tous,
Je monte la garde, semble t-il dire maintenant, symboliquement posé sur le pilier de l’escalier, entre le bureau et le jardin, deux endroits qu’il affectionnait particulièrement.
C’est à son tour, à présent, de veiller sur nous.
J’avais secrètement décidé de lui consacrer une petite place pour l’éternité, dans l’espace que nous partagions ensemble.
Alors en arrivant le matin, j’ai coupé le lien de l’étiquette posée sur le seau des déchets alimentaires de la cantine qui constituaient son repas quotidien.
Je l’ai bien nettoyée, j’ai repassé le dessin au marqueur et puis j’ai posé une longueur de double face au dos.
Un collègue à qui j’ai montré le résultat m’a suggéré de rajouter un médaillon avec son nom, soit.
Hélas, comme il le souhaitait, la dépouille de Pour Tous ne pourra pas reposer dans son cadre de vie habituel, sa vieille carcasse étant restée à l’hôpital vétérinaire.
Le premier jour d’après, j’ai détesté ces moments de grand vide autour de moi, habituée à le voir toujours collé à mes basques.
Nos conversations me manquent aussi, surtout que depuis peu il commençait à pousser des vocalises de joie à mon arrivée.
Et même nos silences me manquent, car un simple coup d’oeil nous rassurait sur la proximité de l’un ou de l’autre.
Un autre de mes collègues a promis de savoir toute la vérité et trouver l’auteur de cette barbarie.
Il va me falloir sans doute du temps et de l’aide pour effacer de ma mémoire le spectre titubant et déformé apparu devant moi, ce tragique lundi matin.
Dès que je me retourne à cet endroit, précisément comme quand je l’ai soudain découvert, je vois réapparaître cette vision d’horreur…
En tous cas, sa disparition aura causé beaucoup d’émotion dans la communauté où forcément il ne passait pas inaperçu.
Je suis même très touchée que tant de personnes aient eu des paroles réconfortantes et partagent des messages de solidarité, qu’elles en soient de tout cœur remerciées.
Bien à vous,
Isabelle
2 comments
Ha oui, vraiment… j’espère que vous saurez un jour ce qui s’est passé et qui a commis cet acte répugnant. C’est bien de lire que sa mort a bouleversé beaucoup de gens. Si elle pouvait servir à quelque chose et qu’enfin, le sujet de la maltraitance animale à AV soit abordé publiquement. Je n’oublierai jamais les regards bouleversants de tous ceux à qui je n’ai fait que donner de la nourriture et de l’amour(et délester de centaines de tiques, et stériliser…), tous ceux rencontrés à l’état de squelettes, aux regards si désespérément tristes, et qui recouvraient (ou découvraient) une joie de vivre … profondément… bouleversante (je me répète mais… c’est le terme adéquat…) juste parce que, soudain, ils étaient regardés et… nourris et aimés.
Maintenant… Lily est à nouveau triste (même si je fais en sorte qu’elle et les autres de Shanti soient nourris) ; Leyla ne se laisse plus approcher, paraît-il ; Tommy et Scooby, d’Horizon, ont disparu. Molly a été retrouvée morte. Seule Shindu serait encore autour de la maison… En face d’où nous habitions, Sean a été retrouvé mort, et la fille a été tapée par une voiture. Bref c’est … d’une épouvantable tristesse.
Et partout, partout c’est la même chose, sous cette forme ou une autre. Ici, en France, ça semble mieux mais ils sont soumis au bon vouloir des bipèdes et… ils le paient cher, en fait. (en ce moment, en termes d’abandons qui explosent, en même temps que le coût de la vie…)
Mais il nous fait nous focaliser sur ce filet d’Or de « l’Inattendu ». « C’est l’heure de l’Inattendu »… ce ne sont pas des mots. Il y a quelques jours, peut-être pour la première fois, ces « mots » ont pris vie en moi. Il faut lâcher… tout. Ça inclut : toutes nos peines, tous nos désespoirs, aussi justifiés puissent-ils paraître. (et dieu sait si je suis championne en la matière…)
Je t’embrasse… Hauts les coeurs !
Oh que oui je me souviens bien de tout le soin et l’affection que tu leur as porté à ces cabossés de la vie… ces squelettes ambulants comme tu dis, au regard si doux et si paisible, dont on ne remarque même pas l’absence tant leur vie est réduite à une apparition fugitive, tels des fantômes. Oui, épouvantable tristesse d’évoquer les fins de vie tragiques des animaux aussi, jadis autour de nous. Lâcher et lâcher encore, faire de notre mieux et poursuivre ailleurs notre « mission ». J’ai nouvellement, pour ne pas pire bizarrement, et toutes les fois, un corbeau qui arrive au jardin dès que je me pointe et attend que je lui mette de l’eau fraîche dans un seau. Il se pose sur un pilier, on échange 2/3 minutes, je vais lui donner de l’eau, il boit et repart. Une vie de corbeau quoi, j’en parlerai bientôt… Force et courage, je t’embrasse