« J’apprends le tamoul au jardin »
09/11/2020 Bonjour à toutes et à tous,
Après j’apprends le tamoul facilement, voici j’apprends le tamoul au jardin.
Oui, c’est nouveau, ça vient de sortir.
Mais c’est tellement de plus agréable qu’un cours magistral…
Ben comme pour les enfants, mémoriser les mots en s’aidant de l’imagier du Père Castor, c’est très ludique !
Donc en plantant de vrais ails, oignons, épinards et cacahuètes, c’est très motivant ?
J’en apprends d’autant plus sur les tamouls et leur culture que nombre de subtilités m’échappent.
Comme par exemple le fait de laisser un travail en cours pour s’atteler à un autre.
Ce n’est pas un éparpillement de leur part, ou un manque de reflexion.
C’est juste la preuve que nous autres, coordinatrices ou coordinateurs de projet éduqués à l’occidentale n’avons pas pris en compte certaines données.
Dans leur schéma mental, les gens d’ici vivent au moment présent, ils font une chose, puis passent à une autre.
Si vous intervenez pour donner la consigne suivante au moment où ils sont en train de réaliser un ouvrage, ils vont tout interrompre.
Et se mettre alors à exécuter la nouvelle tâche énoncée.
Ainsi, si vous leur donnez une liste de travaux à effectuer, votre présence est indispensable.
Parce que personne ne leur a jamais donné les moyens, jamais appris à être autonomes, à faire des choix, à structurer leur pensée de cette manière.
Il ne faut pas oublier que la plupart des ammas et des personnes avec lesquelles nous travaillons n’ont pas eu accès à la scolarité.
Le lieu où est développée chez l’enfant, quoi qu’on en dise, l’autonomie, le raisonnement, la pensée structurée…
La personne qui les emploie a immédiatement rectifié une autre vision que ces personnes avaient de lui.
Tu es notre propriétaire… disaient-elles.
Je comprends sa stupeur à l’énoncé de ces paroles.
Nous ne sommes pas à l’époque de l’esclavage ! rectifia t-il immédiatement…
Une autre particularité ici fait que les lieux ne sont pas nommés, on les associe à leur propriétaire.
Ainsi on va parler du champ de untel ou de la maison de tel autre.
Et par déformation, les personnes employées par l’un ou l’autre vont être associées a sa propriété…
Oui, elles ou ils font partis des meubles en quelque sorte ?
Mais bon, on a connu ça aussi en France quelques décennies plus tôt.
J’en veux pour preuve les recherches que certains ont effectué à propos des domestiques et servantes de ferme en France…
Heureusement, grâce à l’arrivée du numérique, les générations suivantes sont par contre tout à fait différentes.
Et le premier progrès qu’elles ont apporté à leurs parents, c’est de les équiper d’un téléphone portable, vive la communication !
Bien à vous,
Isabelle