« J’ai toujours travaillé seule »
23/10/2021 Bonjour à toutes et à tous,
J’ai toujours travaillé seule, me confie t-elle soudain, alors que nous cheminons ensemble vers la salle où elle va donner sa conférence.
Étonnement, sa première phrase arrive comme en écho à la situation conflictuelle pour laquelle j’ai demandé un éclairage.
Ainsi, un matin, j’ai failli tout plaquer au jardin, j’ai même formulé ce désir, aveuglée par la colère.
Car après tout, la colère n’est-elle pas aussi bonne à dire parfois, plutôt que de se ronger de l’intérieur ?
Et puis, une fois exprimée, j’ai laissé la colère de côté.
A ce moment-là, j’ai repris la conversation avec celle qui m’a amenée jusqu’ici.
Bon, je fais quoi maintenant ? ai-je demandé, incapable de savoir dans quelle direction aller.
Le non-mouvement, la non-action… retourner prendre soin du jardin !
Toute seule, oui c’est ça, car la troisième personne impliquée dans le projet du jardin venait d’être opérée d’une mauvaise fracture du doigt.
Alors j’ai repris le chemin du jardin, heureuse de partager à nouveau avec tous les êtres magnifiques qui le peuplent.
Et j’ai recommencé à prendre soin des uns et des autres, à remettre des tuteurs là où la forte pluie avait couché les plans.
A couper avec grand peine les lourds régimes de bananes qui, sous leur poids, avaient entraîné la chute de l’arbre nourissier.
Mon coeur, mon âme ont débordé d’amour, de gratitude pour cette terre, ces fruits, légumes, champignons, sauterelles, escargots… qui la peuplent.
J’ai absorbé le vernis rouge des piments, la grâce des feuilles de bananier enroulées, le parfum puissant de l’ajwain, un chant d’oiseau, le soleil sur les gouttes d’eau.
Curieusement, quelques jours plus tôt, l’ami accidenté m’avait fait parvenir l’invitation à une conférence doublée d’un workshop.
Je compris immédiatement que ma réponse était là.
Après avoir contourné toutes les difficultés de communication pour décrocher l’une des 20 places offertes, une réponse arriva enfin, ma place était réservée.
Premières arrivées à la conférence, garant toutes deux nos véhicules, elle se souvint dans quelles conditions nous nous étions rencontrées une première fois.
Sauf que là, je lui laissais entendre brièvement que j’étais seule à tout gérer au jardin…
J’ai toujours travaillé seule… à peine eût-elle lâché cette phrase que je sus immédiatement.
Bien à vous,
Isabelle
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