« Il était vert de peur »
30/11/2020 Bonjour à toutes et à tous,
Lorsqu’il tourna sa tête vers moi, je constatais avec stupeur qu’il était vert.
Oui c’est ça, il était vert de peur… vert de trouille comme on dit aussi !
Et j’eus peur à mon tour qu’il s’écroulât sur le sol, se cramponant de toutes ses forces à un pilier de pierre salvateur.
Tout en le rassurant avec douceur, je suppliais secrètement le ciel pour qu’il ne lui arrive pas malheur.
Hé, je fais quoi, moi, s’il me claque entre les doigts, là sur le chemin ???
Je me voyais déjà en train de recueillir ses dernières volontés ?
Surtout que ça faisait déjà trois fois que ce genre d’incident m’arrivait en sa compagnie…
Et quinze jours plus tôt, c’était au restaurant qu’il avait fait un malaise, soi-disant gastrique.
Au bout d’un moment, nous reprîmes la route calmement, car il s’était remis de sa frayeur, et moi de la mienne par la même occasion.
Mais alors qu’il ne restait que quelques mètres à franchir pour entrer dans la résidence, il se remit alors soudain à marcher très très rapidement.
Et cette fois-ci, je ne plus absolument rien faire pour lui venir en aide.
Il m’avait déjà largement dépassée lorsque, complètement déséquilibré et emporté par son poids, il s’écroula par terre.
D’autres personnes l’avaient vu également chuter et déjà elles accouraient pour essayer de le remettre sur pied !
J’eus alors toutes les peines du monde à leur faire comprendre que non, on ne le déplacerait pas, et que c’est le corps médical qui aviserait.
Accroupie près du blessé, je constatais qu’il saignait abondamment du nez et que, dans la chute il avait brisé ses lunettes…
Des secours avaient été appelés en renfort, et tout le monde attendait leur arrivée, mais l’attente fut longue, très longue.
Lui, allongé sur le sol et la tête posée sur sa casquette maculée de sang, se plaignait à présent de son épaule et de sa main.
Moi, toujours accroupie à ses côtés, je lui faisais la conversation, comme je l’ai entendu raconter tant de fois par les pompiers de service à la maison !
Et de tout ce qu’ils me racontaient à chaque retour d’intervention, j’ai bien retenu les gestes de premiers secours.
Parler à la personne, lui tenir la main, ne surtout jamais manipuler un blessé au sol, éviter les commentaires anxiogènes autour d’elle…
Pour le coup, cette dernière recommandation, c’était vraiment de l’ordre de l’impossible en Inde…
Chacun y allait de son diagnostique sur la blessure, de son avis médical et de sa préconisation, du temps aussi que mettaient les secours à arriver !
Pour l’heure, je souffrais énormément des piqûres de moustiques, ces derniers étant complètement affolés autour de nous, attirés par le sang.
Et dire que je me remettais à peine d’une attaque carabinée de ces mêmes insectes, trois jours plus tôt dans le jardin…
Après une attente qui me parut interminable, soudain quelqu’un ouvrit le portail et l’ambulance s’engouffra dans la cour.
Bien à vous,
Isabelle