Petite chronique « Histoire d’eau…

« Histoire d’eau »

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16/08/2024 Bonjour à toutes et à tous,

Histoire d'eau - Crédit photo izart.fr
Histoire d’eau – Crédit photo izart.fr

Alors que j’avais entrepris de collecter les déchets à l’extérieur, contre le mur de l’épicerie, une histoire d’eau vint chambouler mes projets.

L’employée qui me donnait la main pour ce boulot avait pris un peu d’avance sur moi, mais au détour d’un virage, je ne la vis plus, elle avait disparu !

C’est un tout autre spectacle qui s’offrit à moi, par contre, et je compris le pourquoi de sa fuite.

De l’eau s’échappait du sol, par grosses gerbes, exactement là où des ouvriers étaient plantés devant le spectacle, comme frappés de sidération.

Je compris alors qu’ils avaient éclaté une grosse canalisation d’eau, tandis qu’il dégageaient le sol à la pelleteuse pour poser un passage anti-vaches.

Les choses se compliquèrent lorsqu’il fallut envisager de remplacer le tuyau défectueux.

Tuyau dont personne, sur place, n’avait le diamètre identique, c’eût été trop magnifique d’avoir cela de côté quelque part…

Alors une équipe partit à Pondy chercher la chose, puisque même aucun des commerçants environnants n’avait cela en stock.

Pendant ce temps-là, des milliers de mètres cubes d’eau se répandaient de partout à la cantine, dans les égouts et sur la voie publique.

Certes, cela n’a rien de comparable avec ce qui est relâché pour l’irrigation, scandaleuse, des plantations de cocotiers, comme le rappelait un collègue.

Un des travailleurs enfoncé dans la boue jusqu’à la poitrine, essayait en vain de sonder le fond du trou et d’estimer la casse.

Soudain est arrivé un tracteur suivi de sa remorque laquelle transportait un gros tuyau flexible.

Celui-ci servit immédiatement à dévier l’eau sur la route, évitant de propager davantage l’inondation de la cantine où plus personne n’osait s’aventurer…

Le problème que je découvris tout en continuant de nettoyer les abords et en arrivant à la hauteur du pont, c’est que l’eau ainsi évacuée stagnait en plein milieu de l’ouvrage.

Bon, que je me suis dit, on va faire une bonne action pour la communauté élargie, et surtout éviter de causer un accident par dessus le marché.

Je suis alors partie à la recherche d’un outil improvisé pour remédier partiellement au problème.

Dans le tas d’immondices ; il n’y avait que ça à vrai dire, j’ai fini par trouver un semblant de tuile en guise de racloir, Mac Gyver le retour…

Rien de tel pour dégager l’amas de boue qui obstruait l’évacuation de l’eau de part en part du pont.

J’ai été au coeur de l’intrigue durant tout mon travail, mais que fait une blanche les pieds dans la vase, et j’ai été aussi copieusement arrosée par les différents véhicules de passage.

Un seul s’est d’ailleurs arrêté pour me demander si j’avais besoin d’aide… mon brave Monsieur, je n’ai même pas d’outils !

Bref, dans ma lancée, après avoir dégagé le côté droit du pont pour que l’eau s’écoule sans traverser la route, je me suis attaquée au côté gauche, avec vue imprenable sur le canyon.

Ah oui, ici comme il y a une cinquantaine d’années en France, tout ce qui est creux, gorge, ravin ou canyon, c’est du pareil au même.

C’est là-dedans que seront précipitées toutes les ordures, déchets, résidus de toutes sortes qui disparaîtront partiellement avec la prochaine pluie.

Si nous ne sommes ici qu’à quelques kilomètres de la mer, le trajet sera donc court pour y arriver, mais de partout ailleurs sur terre, c’est le même schéma.

Les ruisseaux conduiront les immondices dans les rivières, qui elles-mêmes les achemineront dans les fleuves et ainsi de suite jusqu’à la mer.

Et encore, je ne vous parle même pas de ce qui s’infiltre dans la nappe phréatique

Quand le gros tube de plastique gris pour la réparation est enfin arrivé, l’eau s’était ainsi déversée dans le canyon presque toute la matinée.

Je n’ai rien dit en voyant les ouvriers enduire les deux bords des tuyaux d’une colle hautement irritante à inhaler pour qui se trouvait à proximité.

Quelqu’un, par contre, s’est emporté quand le bout de tuyau pour le raccord est tombé maintes fois dans la boue, avant que les ouvriers ne maîtrisent enfin le geste.

L’eau qui alimente toutes les tuyauteries en aval a du mettre un certain temps avant de retrouver une qualité… potable.

Bien à vous,

Isabelle

Isabelle alias Mam's
https://izart.fr
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