« Gardez une expression neutre »
21/04/2016 Bonjour à toutes et à tous,
Gardez une expression neutre, enlevez vos lunettes, pas de piercing, pas de boucles d’oreilles.
Ne souriez pas, fermez votre bouche, tenez votre tête droite, le visage doit être dégagé.
Fixez l’objectif, les yeux doivent être parfaitement visibles et ouverts…
Pas de panique, vous êtes dans un Photomaton pour réaliser de banales photos d’identité.
Avec l’état d’urgence qui n’en finit plus de courir, le voilà rallongé à présent de deux mois, c’est à dire jusqu’à mi-juillet 2016 pour cause de foot et de cyclisme, on va finir par devenir parano…
Je vous rappelle que c’est à la base une mesure exceptionnelle.
On joue les prolongations donc, comme si de maintenir l’état d’urgence ça allait éviter le risque…
Après la lecture en privé, ce soir, du texte de l’écrivain Mia Couto, mozambicain de langue portugaise, Murar o medo – Murer la peur – je me suis rendue compte qu’effectivement, tout était régi par la peur.
Et pourtant, cet écrit, datant déjà de 2011, qui traite de l’instrumentalisation de la peur, est plus que jamais d’actualité.
(…) Pour fabriquer des armes, il faut fabriquer des ennemis. Pour produire des ennemis il est impérieux de créer des fantasmes. La fabrication de cette peur demande un dispositif coûteux et un bataillon de spécialistes qui, en secret, prennent des décisions en notre nom. Voici ce qu’ils nous disent : pour surmonter les menaces intérieures nous avons besoins de plus de policiers, de plus de prisons, de plus de services secrets, de plus de sécurité et de moins d’espace privé. Pour faire face aux menaces globales nous avons besoin de plus d’armées, de plus de services secrets et de l’abandon temporaire de notre citoyenneté (…).
Et puis la faim, comme mécanique de la peur, jouxte les violences faites aux femmes, dans ce texte si puissant de seulement 7 mn.
Étonnant d’ailleurs, que dans toutes les recherches que j’ai faites sur le Net à propos de ce livre, le thème de la faim soit si timidement évoqué, contrairement à l’impact que lui accorde l’auteur.
Et celui des femmes violées encore moins.
Deux faits, avec celui évoqué ci-dessus, qui sont pourtant clairement dénoncés dans le discours de Mia Couto.
Et si une seule et même explication pouvait être à l’origine de ces oublis ?
Le livre n’aurait pas été lu en entier par les chroniqueurs qui en parlent.
Evidemment, je n’ai pas écrit chroniqueu-ses-rs.
Bien à vous,
Isabelle