« Feu nos lettres d’amour »
21/04/2025 Bonjour à toutes et à tous,
Feu nos lettres d’amour que je me dis, après en avoir rangé des dizaines, les miennes oui, mais aussi celles de mes kids, les leurs miraculeusement sauvées de la poubelle.
Il n’y en aura plus trace dans le futur, puisque tout se fait en mode éphémère et sur support numérique.
Pourtant, qu’est-ce que c’était beau ces lettres d’amour, pour qui se souvient d’en avoir envoyées ou reçues.
Elles étaient pleines de l’écriture, de la tournure, des sentiments, des émotions de l’être aimé.
Elles étaient aussi pleines de non-dits, de soupirs, parfois de larmes retenues quand le temps ou la distance séparait les amants.
Les lettres vagabondes couraient sur le papier, le trait s’épaississait ou s’affinait, revenait à la ligne, sautait un espace, démarrait en retrait.
L’inspiration et l’imagination étaient au rendez-vous, n’avaient aucune limite, on posait sa feuille, et on la reprenait le lendemain pour la finir, puis venait le temps de l’attente.
Mais c’était tellement beau tout ça, et même maintenant que l’intelligence artificielle est en passe de dominer le monde de la pensée, de la créativité, ça restera pour toujours… artificiel.
Parce qu’en face, il n’y a pas un humain qui exprime ses pensées mais une machine qui traite une masse d’informations rentrées dans sa mémoire, sans émotions ni sentiments aucuns.
Perte des repères, perte des rites comme je le déplorais dernièrement, il va forcément y avoir un moment où tout ça va se calmer.
Parce qu’on ne peut pas éternellement courir après le temps, la vitesse, les résultats, la réussite, ce monde idéal tel qu’on veut nous faire gober n’existera toujours que de façon virtuelle…
A ma mère, qui m’avait demandé de glisser ses lettres de fiançailles dans son cercueil, et dont je n’ai pu honorer le souhait, bien que l’info fût partagée avec les proches ayant vidé sa maison.
Bien à vous,
Isabelle
