« Elle faisait partie de ces femmes guerrières »
17/04/2025 Bonjour à toutes et à tous,

Et quand je l’ai rencontrée, me dit-elle, j’ai eu l’énorme surprise et le plaisir de savoir qu’elle faisait partie de ces femmes guerrières de Greenham.
Curieusement, ce mot de Greenham n’évoquait rien du tout pour moi, bien que nous soyons en pleine conversation antimilitariste et anti-nucléaire, avec des références communes.
Après des recherches avec ce mot clé, j’étais abasourdie de constater que la couverture médiatique française de l’époque n’avait pas été aussi exhaustive que celle des médias britanniques.
Le mouvement aurait surtout été relayé dans des cercles militants, féministes et pacifistes, plutôt que dans les grands médias généralistes.
En réalité, la presse généraliste française des années 1980 aura très peu, voire pas du tout, couvert le mouvement pacifique des femmes à Greenham Common.
Les historiennes et militantes féministes estiment ce silence comme étant un signe révélateur du manque d’intérêt, on pourrait dire du mépris, des médias trad pour les luttes féminines et pacifistes.
Et d’autant plus lorsque ces luttes féminines sont étrangères ou non alignées sur les mouvements politiques dominants.
La politique, rappelons-le, ça reste une affaire d’hommes, tout comme la contestation ou la manifestation et les femmes en sont toujours tenues à l’écart ou assimilées.
C’est exactement le contraire qu’ont exprimé ces femmes guerrières dans le siège qu’elles ont tenu à greenham common, n’hésitant pas à emmener leurs enfants avec elles pour certaines.
L’objet de leur résistance et une de leurs principales revendications étaient de s’interroger sur l’avenir que nous offrons à nos enfants, face aux risques militaires et nucléaires.
Alors qu’au Royaume-Uni le mouvement avait une vraie visibilité, malgré des critiques et moqueries, en France il a surtout été relayé, et à postériori, dans des publications engagées ou des rétrospectives.
À l’époque donc, Le Monde, Libération ou Le Figaro n’en ont quasiment pas parlé, ou alors de manière très marginale.
Ce silence en dit long aussi sur ce qui n’était et n’est toujours pas considéré comme digne d’intérêt dans les médias dominants, c’est à dire la lutte des femmes.
Quand elle ne s’inscrit pas dans des cadres politiques traditionnels, elle est souvent perçue comme marginale, voire folklorique.
Ce mouvement réunissant des milliers de femmes, pendant des années, avec une organisation non violente, inventive, radicalement féministe aura donc été quasiment ignoré en France.
Dédaigné par une presse française qui se disait progressiste à l’époque (!), on comprendra mieux pourquoi cet événement majeur des luttes féministes n’est jamais parvenu jusqu’à nous.
Mais bon, l’invisibilité des femmes, c’est tellement commun et banal, me direz-vous, que ce soit dans le domaine scientifique, artistique, politique, littéraire, journalistique, culinaire, liste non exhaustive…
Bien à vous,
Isabelle