« Durable, oui mais à quel prix ? »
07/05/2013 Bonjour à toutes et à tous,
Si le Développement Durable est entré dans les moeurs depuis bientôt une vingtaine d’années, et c’est tant mieux, on en arrive peu à peu à certaines limites.
Et oui, force était de constater à l’Hôtel de Région de Lyon, en ce lundi de Journée Européenne de l’Education à l’Environnement et au Développement Durable –EEDD– que si le réseau associatif était la voie la plus prisée pour mener à bien un projet, les institutions assuraient également un tremplin très efficace.
Mais à présent, ces deux voies devenues des autoroutes européennes avaient aussi des limites, notamment celle des financements qui baissaient de façon drastique pour cause de crise, mais aussi d’affectation à d’autres priorités etc etc…
Au fur et à mesure des travaux en ateliers menés depuis le matin sous forme d’une dizaine de groupes réunissant 230 participants de 25 pays, force était de constater que se profilait également l’idée de partenaires d’un nouveau genre et pour le moins séduisants : les entreprises.
Tandis que l’animateur faisait un premier bilan, dans notre groupe, des moyens recensés pour mener à bien un projet d’Education à l’Environnement et au Développement Durable, j’ai commencé à fumer dans mon petit cerveau…
Et tout d’un coup j’ai senti que non, je ne pouvais pas passer outre mes chers principes éthiques et envisager un partenariat avec Total comme nous y exhortait le Monsieur du Ministère de la Jeunesse et des Sports, de l’Education Populaire et de la Vie associative qui mâchait bruyamment, doigts et yeux scotchés au téléphone…
Alors j’ai commencé à ouvrir ma bouche et à dire que je trouvais vraiment louche de faire du partenariat avec les Fondations alimentées par des boîtes pollueuses à souhait, énergivores et puisant dans les réserves naturelles, que ça me posait des problèmes d’ordre éthique et que dans mon jargon on appelait ça Greenwashing, non ?
Le Monsieur du Ministère m’a regardé avec de grands yeux et puis une moue…d’agacement je crois, je lui avais un peu cassé son rêve…
Et dans la tête des autres ça a du tilter parce que finalement ils ont dit que oui, c’est vrai, on peut pas dénoncer d’un côté et empocher de l’autre en fermant les yeux sur l’origine du financement 🙁
Ben oui, c’est simple, on se respecte ou pas, quitte à emmerder la pensée globale une fois de plus…
Donc on est arrivés à un moment très grave dans les débats et heureusement qu’une dame, forte de son expérience, nous a tirés de là en disant qu’elle avait établi pour son association un partenariat avec une Fondation issue de Weleda, entreprise de cosmétiques bio.
Bravo, elle nous avait sortis de l’impasse !
Et puis finalement, à la plénière cette inquiétude fut relayée, donc avait été soulevée dans d’autres groupes, dieu merci, et il fallait plus que jamais rester vigilants face aux chants des sirènes de tout crin (ça ne vous rappelle rien crin ?).
Enfin j’ai quitté les lieux vers 18:30 avec un énorme mal de crâne qui ne m’a lâchée que le lendemain midi… cogitations cher payées mais c’était dit, je me sentais (presque) bien.
Le plus important finalement et qui me réjouissait largement plus, c’est que j’avais partagé ma démarche artistique avec Jindra, avalé mon repas en mode conversation anglaise aux côtés de Mita la milanése, échangé sur le voyage d’études de ma voisine réunionnaise Chloé, et remercié Tamar qui m’invitait à visiter la Géorgie, je leur dédicace à toutes et à tous cette Petite chronique !
Un petit clap pour la Région qui servait au déjeuner des crudités toutes issues de l’AMAP de Saint Martin en Haut, mention locale et bio, je vous dis qu’on va y arriver tous ensemble en tirant un petit peu sur les coins de la couverture !
Bien à vous,
Isabelle