« Du bien fondé des lampadaires »
13/04/2025 Bonjour à toutes et à tous,

Certes, je n’avais jamais vu les choses sous cet angle-là, mais maintenant je suis absolument convaincue du bien fondé des lampadaires.
Lorsque j’ai entendu un grand crac derrière moi, là, par contre, je me suis immédiatement retournée.
Trois minutes auparavant, je n’avais pas daigné le faire, en entendant crier des personnes derrière moi et ronfler des motos.
Me restait quand même toujours un peu l’appréhension d’être la cible de mecs bourrés, comme ceux qui m’avaient agressée l’année dernière, alors que je marchais en bord de route.
Ce jour-là donc, il s’est passé exactement trois minutes entre le moment où j’ai quitté un parking pour rejoindre le trottoir.
Trois minutes plus tard je n’aurais pas donné cher de ma peau.
En voyant la gueule de la moto arrêtée net contre le lampadaire, et le mec qui se relevait d’un vol plané sur le bas-côté de la route, je suis d’abord prise d’une grande colère.
Le lampadaire avait arrêté la moto lancée à pleine vitesse à deux mètres de moi…
Je ne saurais sans doute jamais si les gars préparaient un mauvais coup, s’ils étaient en train de s’embrouiller, ou même s’ils faisaient un pari stupide.
Toujours est-il que celui qui avait heurté l’autre disparut sans demander son reste, je n’eus même pas le temps de le voir.
Il ne s’inquièta guère plus de l’état de celui qui avait chuté, et je vis ce dernier essayer de démarrer sa moto, sans succès, une fois relevé du fossé, couvert de poussière et les sandales déchirées.
Quelques personnes passèrent en moto et le regardèrent, encore hagard, avant qu’un autre jeune l’emmène avec lui.
C’est seulement quelques heures après que je réalisais combien j’avais eu de la chance.
Car oui, cela tenait du miracle qu’un lampadaire arrêtât la course de ce motard deux mètres avant moi.
Je compris aussi pourquoi durant deux jours après l’incident, j’étais si malade.
Malade de peur, oui, c’est ça.
Bien à vous,
Isabelle