« Du bambou au bambou »
27/06/2021 Bonjour à toutes et à tous,
Du bambou au bambou, j’ai bouclé ma journée comme je l’avais démarrée.
Car sur le chemin, j’ai retrouvé la petite grand-mère qui promenait sa vache, toutes deux déjà croisées le matin.
Elle lui donnait des brassées de feuilles de bambou dont la bête semblait se régaler, ce qui m’étonna fort.
Comme je la saluais, elle engagea la conversation, enfin nous échangeâmes en langue tamoul/anglaise approximative.
Mais de manière générale, la barrière de la langue n’a que très peu d’importance.
Je l’écoutais et à grand renfort de gestes, j’arrivais à comprendre que son mari était parti à Chennai.
Et que son fils ne travaillait pas à cause d’une blessure à la jambe.
Sur ce, elle me fit comprendre aussi qu’elle cherchait du travail, nettoyage de la maison, cuisine, et qu’elle prépare tout, poulet, poisson, dals, légumes…
Par réflexe je reste toujours discrète sur mon lieu de résidence, tout en la remerciant de sa proposition, bénéficiant déjà de l’aide de ammas dans la guesthouse.
Ce serait incompréhensible pour elle si je lui expliquais que je fais tout moi-même, cuisine, courses, lessives…
Parce que c’est pas du boulot d’occidentale.
Le cliché demeure que nous sommes toutes et tous plein·e·s aux as et bon·ne·s à rien faire, la faute à qui…
Évidemment qu’ici toutes les aides aux tâches ménagères, jardinage, gardiennage sont déléguées à des indien·ne·s et non à des européen·ne·s par exemple.
Certes, ces employé·e·s bénéficient à Auroville d’un meilleur revenu qu’ailleurs et de certaines prestations.
Et les aurovilien·ne·s n’ont pas accès aux emplois salariés, le travail s’intégrant dans un système d’échange de services, au moins dans le texte.
Mais quand même, mon malaise ne se dissipe pas malgré le temps et l’habitude de la situation, et je respecte énormément ces gens.
Après tout, n’ai-je pas été moi aussi plusieurs fois dans ma vie lingère, ménagère et même cuisinière pour autrui ?
Et je ne connais que trop la pénibilité de passer huit heures à récurer, touiller, aspirer, laver, brosser et décaper…
Ayant transité par la communauté d’une connaissance, c’est donc à cette occasion que le matin nous avions déjà causé bambou.
Mais pas parce qu’elle les donne en pâture à sa vache !
Uniquement parce que faire entretenir et réduire la plante envahissante coûte très cher aux membres du lieu.
Devant le volume et l’immense taille du buisson à entretenir, me vint alors une idée que je lui communiquais immédiatement.
Et si elle faisait appel aux bâtisseurs de cabanes et autres édifices en bambou ?
Je suis sûre qu’ils viendraient se servir avec joie de ce beau bambou vert.
Oui, celui-là même qu’ils prélèvent dans la forêt, justement là où la grand-mère nourrissait sa vache !
Bien à vous,
Isabelle