Petite chronique « Devoir de…

« Devoir de mémoire »

11/05/2013 Bonjour à toutes et à tous,

Tintin

Tintin

En 1985,  j’ai acheté un pavé qui est bien tombé dans la mare, à l’époque : « Tintin chez le psychanalyste » de Serge Tisseron.

Ce livre mettait l’accent sur la place du père dans la vie de Hergé, secret de famille inconsciemment relayé dans toute l’oeuvre, que Serge Tisseron décrypta dans « Les secrets de famille », paru en 2011.

L’oeuvre de Hergé, avait déjà fait parler d’elle, à cause des clichés contestables qu’elle véhiculait et qui avaient été justement soulevés.

Entre autre sur le colonialisme de l’époque pratiqué par la Belgique, dépeint dans Tintin au Congo en 1931, ou la représentation réductrice des indiens d’Amérique, dans Tintin en Amérique…il y avait à dire et à redire.

Étonnant parcours, dans les années 30, de deux hommes, Hergé, né en 1907 et André Gide, né en 1869, qui vont se croiser sur fond de conflit politique mondial naissant, apportant chacun une réponse personnelle aux événements.

Hergé, proche d’une mouvance catholique ultra-conservatrice, relayait des idéaux encrés dans une idéologie douteuse, quitte à travailler pour un magazine sous contrôle allemand afin de survivre à la précarité de la guerre.

D’ailleurs, lui-même confiera en privé, trente ans après les faits :

« C’est vrai que certains dessins, je n’en suis pas fier. Mais vous pouvez me croire : si j’avais su à l’époque la nature des persécutions et la « Solution finale », je ne les aurais pas faits. Je ne savais pas. Ou alors, comme tant d’autres, je me suis peut-être arrangé pour ne pas savoir ». Témoignage d’H. Roanne-Rosenblatt à P. Assouline.

Son travail et sa réflexion ayant évolué par la suite, il essaiera de réajuster certaines de ses idées, comme dans Coke en Stock.

Gide, lui, écrira Voyage au Congo dès 1927, en relatant avec indignation l’exploitation des peuples indigènes par les coloniaux, s’impliquant même personnellement pour leur défense.

Après différents doutes et bien des hésitations, il affichera des idées anti-fascistes, refusant notamment de travailler avec des journaux issus de la collaboration.

Il s’exilera finalement en Tunisie pour se protéger des attaques dirigées contre lui, en 1942.

Mais le poids commun qui aura pesé toute la vie sur ces deux hommes, c’est bien celui du secret de famille.

Hergé disparaîtra sans jamais connaitre le secret autour de la naissance de son père, supposé de sang royal…

Catherine Gide, longtemps tenue secrète; une belle histoire dérangeante sur fond d’adultère, d’homosexualité et…d’amour de 90 ans; s’envolera à son tour en ces jours de printemps…

Bien à vous,

Isabelle

 

Isabelle alias Mam's
https://izart.fr
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