« De père en frère puis en mari »
31/03/2025 Bonjour à toutes et à tous,

Oui, les violences faites aux femmes ça commence à la maison, dans l’intimité de la famille, d’abord de père en frère puis en mari.
Au début, je les croyais tous gentils et puis ils se sont avérés être tous méchants.
Du père qui dit tais-toi et te rabaisse, au frère qui dit tais-toi et de tabasse, au mari qui dit tais-toi et te menace.
Tais-toi !
Tais-toi !
Tais-toi !
En fait, je crois que c’est doucement, comme ça, que tout a commencé à glisser, sans faire de vagues.
Déjà dans mon inconscient de petite fille c’était normal d’être exposée aux violences masculines.
Le père qui contrôle, le père qui décide, le père qui ordonne, ouvre l’accès à la violence du fils.
Ce que le père s’autorise, le fils se l’autorise à son tour, comme dans tout schéma patriarcal bien huilé.
Tellement plus facile et moins courageux que de s’en prendre à plus faible que soi…
Je l’ai sentie glisser, moi, cette insidieuse violence qui graduellement s’est mise à monter en intensité.
La violence verbale a basculé dans la violence physique, quand les mots n’ont pas suffi à se faire imposer.
Le père, le fils, puis le mari avaient toutes les raisons de s’imposer de cette façon là.
Après tout, tu n’es que fille de, sœur de, femme de… et tu as été formatée pour correspondre à la représentation féminine qu’ils se sont faite de toi.
Alors si tu déroges, si tu déranges par tes idées, par tes paroles, par ton comportement ou par tes envies, on aura tout fait de te rappeler que tu n’es que fille de, sœur de, ou femme de.
Car c’est bien de cela dont il est question, toute fille, toute femme émancipée représente un danger dans l’esprit éculé du patriarcat.
Quand j’étais petite, je ne le savais pas, mais par la suite, on n’a eu de cesse de me faire taire.
Je le vois sur cette petite image de moi, alors que je ne devais même pas avoir 6 ans.
J’étais joyeuse, j’étais pétillante, j’étais pleine de confiance en moi jusqu’à cet âge-là, je ne doutais de rien ni de personne.
La violence masculine, je l’ai toujours côtoyée, finalement, jusqu’à la choisir et l’épouser un jour, inconsciemment, c’est évident.
Mais c’était là mes seuls re-pères, une illusion qui avait mal nourri mes besoins, répondu à côté de mes attentes, et éteint mes envies.
Des fois je me dis qu’on est toutes des petites filles tristes, parce que peu d’entre nous ont réchappé à ce piège patriarcal dans lequel on nous a enfermées.
Alors quand je plonge mes yeux dans ceux de la petite fille si joyeuse, j’y vois une âme pure d’enfant, et c’est bon de m’y reconnecter.
Bien à vous,
Isabelle