« De l’art et des jardins lyonnais »
[sam id= »22″ codes= »true »]27/06/2015 Bonjour à toutes et à tous,
Saviez-vous qu’au XIX ème siècle, on recensait 570 horticulteurs à Lyon, à tel point que cela représentait la seconde source économique de la ville ?
Saviez-vous également que 60% des roses mondiales avaient été créées à Lyon avec pas moins de 3000 variétés ?
Et dans le cadre du Festival Mondial des Roses 2015 à Lyon, ce sont nombre de variétés, de pratiques et de traditions horticoles qui sont mises à l’honneur au Musée de l’Imprimerie et de la Communication graphique.
Et grâce à l’exposition Le Jardin des imprimeurs, c’est bien de l’art et des jardins lyonnais qu’il s’agit.
Lors de son intervention dans ce musée, Stéphane Crozat, ethnobotaniste et responsable scientifique du CRBA, nous permet d’établir le lien qui existe entre les médecins de la renaissance, grands utilisateurs de plantes pour composer leurs remèdes, et leur affluence dans la ville de Lyon.
A cette époque, en effet, trois villes se démarquent dans l’univers de l’imprimerie en Europe : Venise, Mayence et Lyon.
Cette dernière bénéficiant d’une grande réputation en la matière, c’est donc pour faire imprimer leurs écrits qu’on trouve à Lyon tant d’érudits, dans tous les domaines scientifiques et entre autres, un médecin très renommé, du nom de François Rabelais.
Et bien sûr, Lyon se situant également au carrefour de tous les commerces, les marchands du monde entier se croisent dans la cité.
Ici se négocient entre autres les épices, fleurs, fruits et légumes exotiques, que chacun cherche à acclimater dans son jardin, sans oublier le commerce du bois, très florissant aussi, dont on importe des essences nouvelles.
L’on trouve paraît-il, déjà à l’époque, des ananas et de la vanille sur les étalages du marché de la Place Bellecour !
Et puis la région de Lyon jouit de plusieurs influences climatiques, grâce à sa situation géographique au centre d’un cercle de 200 km de rayon traversé par trois zones : méditerranéenne, océanique et continentale, et également grâce à la composition très variée de ses sols.
Étonnant de trouver une variété de melon précoce à Trévoux, par exemple, ou une lavande endémique dans le massif du Mont d’Or.
Mais la raison la plus pertinente pour justifier de la présence de tous ces producteurs de fruits, fleurs et légumes à Lyon et ses environs, c’est Stéphane Crozat qui nous l’apporte.
Toute cette activité est si florissante, à l’époque, grâce à l’industrie de la soie.
Tous les jours, de nombreux artistes peintres ébauchent des motifs pour les ateliers de soyeux, à partir de bouquets fraîchement cueillis qu’ils se font livrer dans leurs ateliers.
A cela suit la mise en carte, permettant ainsi d’élaborer de précieuses planches pour créer des soieries où dominent roses et fushias très élaborés.
Ainsi l’histoire de l’art demeure intimement liée à celle des jardins lyonnais qui alimentent la création.
C’est alors la pleine expansion des jardins botaniques, le premier Jardin des Plantes voit le jour à Lyon en 1796, de paire avec la renommée de la médecine et de la soierie.
Il déménagera ensuite au Parc de la Tête d’Or en 1856, où sera conçu le jardin botanique, les grandes serres, et une serre aquarium digne d’affronter la concurrence de Londres et Bruxelles, alors seules villes d’Europe détentrices d’un jardin aquarium.
Cet engouement permet l’élaboration de nouvelles techniques de cultures, l’obtention de nouvelles variétés, le XIX ème siècle est alors à l’apogée de la botanique et de l’horticulture.
Ainsi, c’est sous l’impulsion de François Rozier, botaniste et agronome lyonnais de grande réputation, que verra jour la première école nationale d’agriculture, actuel Lycée horticole de Dardilly.
L’un des 10 volumes de l’herbier de François Rozier exceptionnellement prêté pour l’exposition voisine un ouvrage de Nostradamus vous détaillant la fabrication et l’utilisation de confits, au sel, au vinaigre, au sucre, pour la cosmétique et la médecine.
Et un peu plus loin, c’est un ouvrage de Pierandrea Mattioli, médecin et botaniste italien qui côtoie celui d’un autre médecin et botaniste du XVI ème, mais allemand, Leonhart Fuchs.
Ville de transit de tous les commerces, grâce à l’implantation de son fleuve, le Rhône et sa rivière la Saône, ici se sont croisés aussi depuis des siècles, tout ce que la terre peut produire en fleurs, fruits, légumes, épices et aromates.
Il est facile de comprendre dès lors pourquoi Lyon et sa région bénéficient d’une telle réputation gastronomique à travers le monde.
L’alchimie de la médecine combinée à celle de l’imprimerie et de la botanique a créé ce trésor que le CRBA essaie aujourd’hui de rassembler, à fin de conservatoire local.
Et ce n’est pas un hasard, donc, que le plus gros des variétés retrouvées provient de l’étranger : sur 130 variétés de roses lyonnaises sauvées de l’oubli, par exemple, seules 70 étaient encore cultivées localement…
Il reste une dernière chance de vous émerveiller devant roses, dahlias, poires, choux, piments, soieries lyonnaises richement ornées de fleurs et autres planches botaniques délicatement peintes à la main dans des ouvrages au tirage très limité, voire unique.
L’exposition vient exceptionnellement d’être prolongée jusqu’au 16 Août, alors groupez donc votre visite avec celle du musée de Gadagne, Roses, une histoire lyonnaise.
Bien à vous,
Isabelle