« Crever de chaud »
11/05/2024 Bonjour à toutes et à tous,
L’expression crever de chaud a pris tout son sens quand j’ai soudain découvert que des ouvriers travaillaient sur la route, en plein soleil, par près de 40°.
En effet, il était près de 13:00 lorsque j’ai pris la route en construction, afin de rentrer après un long meeting.
J’avais bien constaté que de partout les camions avaient laissé d’énormes dépôts de terre en surface, lors de leurs innombrables passages pour combler les bas-côtés.
Et je m’étais souvent posée la question de savoir comment les entrepreneurs comptaient résoudre cet épineux problème du nettoyage après leur venue.
Mais me rapprochant de ces hommes, je constatais avec horreur que c’était à eux qu’incombait cette impossible mission.
Assis sur le sol brûlant, une simple pièce de tissu enroulée sur le crâne, ils retiraient, à la truelle, la terre des carrés servant de points d’attache des plaques de béton recouvrant la route.
Puis ensuite ils rebouchaient le trou avec du ciment préparé au fur et à mesure.
Ces hommes n’étaient pas des locaux, ils ne parlaient pas plus tamoul que je ne parlais hindi mais ils comprirent très bien mes gestes lorsque je m’arrêtais près d’eux.
De même, ils exprimèrent parfaitement leurs problèmes à travailler en plein soleil, sans même un voile d’ombrage.
J’ai eu soudain comme un moment un révulsion devant ce travail inhumain exercé dans des conditions inhumaines.
Ainsi donc, à Auroville, pour les besoins de construction d’une route qui n’était en accord ni avec la communauté ni avec l’écologie des lieux, on osait traiter ainsi des humains.
Mais elle est où la ville dont la Terre a besoin ?
Comment peut-on s’éloigner ainsi les idéaux de Mère ?
Qui pour réagir à tant d’injustices perpétrées en son nom ?
J’avoue que je n’ai pas toutes les réponses et encore moins les solutions.
Mais qu’il me reste au moins une once d’indignation pour ne pas succomber à la fatalité, car comment pourrais-je me regarder en face si j’avais même perdu cela ?
Bien à vous,
Isabelle