« Chère Madame je suis très heureuse »
20/03/2025 Bonjour à toutes et à tous,

Chère Madame je suis très heureuse d’avoir fait connaissance avec votre fille, une pétillante et fort sympathique jeune femme.
Soyez bien certaine, vous le savez sans doute mieux que moi, qu’elle dévore la vie et une réelle volonté d’avancer la pousse à tenter beaucoup d’expériences.
J’ai appris tout récemment les circonstances de votre tragique et subite disparition, vous arrachant à l’affection de vos proches.
Votre chère fille n’aura malheureusement pas eu la chance de grandir à vos côtés, pas plus que les autres enfants de la fratrie.
C’est un sujet tabou, à ne pas aborder, sauf si c’est elle qui l’évoque, m’avait-on avertie dès le début.
D’elle-même, elle a confié ce secret bien gardé, et on comprendra sa retenue face à cette plaie jamais refermée.
Certains enfants du divorce et d’autres orphelins ont ceci en commun qu’ils n’auront aucun souvenir de la vie d’avant en famille.
Effectivement, du fait justement de leur très jeune âge, les évènements n’auront pas encore été gravés dans leur mémoire.
Certainement que la mort de l’un de ses parents, c’est la pire expérience à laquelle un enfant puisse être confronté.
Comment fait-on pour composer sa vie avec des souvenirs qui font défaut ?
Comment donne t-on corps, un visage, une voix, à l’absent·e ?
De toute évidence, perdre dans l’enfance l’un de ses parents, ça ne peut que laisser place à une immense colère, jusque dans vos chairs.
Alors il faut apprendre seul·e à apprivoiser l’inapprivoisable, à remplir du vide, à vider du trop-plein.
Je l’entends rire et plaisanter comme vous auriez pu l’entendre, sauf qu’elle n’a pas les yeux de sa maman pour se poser sur elle.
De mère à mère, je voulais partager cela avec vous, bien que nous ne nous soyons jamais rencontrées.
Ne vous inquiétez pas, des personnes bienveillantes prennent soin d’elle.
Bien à vous,
Isabelle