Petite chronique « Celle qu’on va pouvoir marier…

« Celle qu’on va pouvoir marier »

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07/09/2024 Bonjour à toutes et à tous,

Celle qu'on va pouvoir marier - Crédit photo izart.fr
Celle qu’on va pouvoir marier – Crédit photo izart.fr

Le truc me paraissait louche alors je lui ai demandé la traduction littérale : celle qu’on va pouvoir marier.

Ce jour-là, l’employée de maison m’avait demandé s’il était possible qu’elle vienne travailler plus tôt.

Aucun souci pour moi, elle connaissait la maison et ça allait s’organiser avec ou sans moi.

Elle m’expliqua alors que c’était un grand jour dans le village, une fonction comme on appelle ça, et que les festivités commencent à 17h. 

Tout le village, c’est-à-dire entre 200 à 300 convives, allait offrir de la nourriture à partager, des fleurs, et bien sûr de l’argent pour fêter un heureux événement.

La jeune fille, quant à elle, porterait une robe neuve et serait au centre de toutes les félicitations.

N’allez pas croire qu’elle venait de réussir un examen ou une entrée dans une école réputée.

N’allez pas croire non plus, qu’elle avait remporté un titre de championne dans une discipline sportive

Elle avait 14 ans, et c’était ses premières règles que tout le village fêtait. 

Sur le coup, je trouvais ça plutôt sympathique de l’entourer à cette occasion et de célébrer l’événement.

Mais bon, ça fait un petit moment que je vis au Sud de l’Inde, et je les connais un peu les locaux.

Ce sont plutôt des modèles, enfin plutôt des caricatures de machisme et de sexisme envers les femmes.

Alors, un peu suspicieuse une fois l’effet de surprise passé, je lui demandé la traduction du mot à rallonge qu’elle me sortait pour nommer l’événement.

Littéralement, ça veut bien dire ce que ça veut dire, bonne à marier.

Et donc dans 4 ans, cette demoiselle sera mise sur le marché des potentielles épousables.

Et donc dans 4 ans toutes les bonnes familles de garçons à marier vont commencer à faire des spéculations.

Non non, ce n’est ni le marché aux esclaves, ni le marché aux bestiaux, c’est le sort traditionnellement réservé aux jeunes filles pubères du Tamil Nadu.

Après, elle épousera l’homme qu’on lui aura choisi collectivement, ça fait parti aussi des rites dans les villages.

Du coup, elle abandonnera ses études ou son travail, si elle était déjà sur le marché de l’emploi, pour aller vivre avec son époux dans la belle famille.

Là, sa belle-mère lui apprendra à  cuisiner pour une demi-douzaine, au minimum, de personnes au quotidien, ainsi que de s’occuper d’une maison.

Ne restera plus qu’à attendre que le bébé naisse pour boucler la boucle.

Bon, je vous l’ai faite courte et sans complaisance, mais c’est la réalité derrière un mélange de religions et de traditions auquel s’ajoute celui des castes et de la richesse des personnes concernées.

Bien à vous,

Isabelle 

Isabelle alias Mam's
https://izart.fr
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