« Au-delà des rivières »
06/12/2012 Bonjour à toutes et à tous,
Hier la Saône était haute tandis que je cheminais le long des berges.
De gros tourbillons boueux s’agitaient en surface, charriaient en rythme des branches dénudées, et sur l’écluse en chantier, venaient se briser d’ énormes gerbes d’eau.
Un cygne étrangement solitaire suivait de son oeil noir les mouvements de la rive.
Une platte à quai dégoulinait de pluie.
Il y a quelques années, un couple de bateliers, désireux qu’un de ses enfants puisse étudier, avait cherché une bonne âme pour l’héberger.
Mais le jeune garçon connaissait peu les habitudes d’une maison sur la terre ferme, et cela causait quelques problèmes de cohabitation avec ses hôtes.
Malgré les petits messages glissés sur la table par la maîtresse de maison, éteindre les lumières, débarrasser les reliefs d’un repas, aspirer sa chambre… il oubliait régulièrement et s’en excusait.
Il supportait mal, aussi, d’être séparé de ses parents.
Personne ne prenait de ses nouvelles et il n’en donnait jamais non plus.
Un soir d’automne, parti sur sa mob vers un village voisin, les barrières du train l’ont stoppé net.
Personne n’est venu chercher ses effets.
Ni évoquer son souvenir.
D’ailleurs, qu’importait l’épitaphe ?
Il lâcha un jour, à demi mot, qu’il ne savait ni lire ni écrire.
Bien à vous,
Isabelle