« A toutes les lionnes de la terre »
24/12/2014 Bonjour à toutes et à tous,
24 décembre 2014, 21:00, alors que sonnent les cloches de la messe de Noël, ici, nous avons tous rendez-vous avec notre lit…
On en a oublié les traditions, même si ce ne sont pas les nôtres.
Ben oui, cette année, on a dérogé à nos habitudes de fête de Noël par la force des choses.
D’abord, parce qu’une partie de la famille était à table pour déguster saumon et foie gras, tandis que l’autre la regardait se régaler sans envie.
Faut dire que les deux marseillais montés en covoiturage dans la soirée et présentant des signes évidents d’intoxication alimentaire, ont du laisser un souvenir impérissable au gentil conducteur qui les convoyait jusqu’à Lyon.
Ah oui, vomir par la fenêtre de la voiture en pleine vitesse sur l’autoroute, ça calme.
Ensuite, une fois le repas avalé, fatigués par les événements de la semaine, le travail du jour, ou l’état de santé, nous nous sommes offert nos cadeaux, presque un peu blasés, avant de nous jeter presque illico au lit…
Voulez que je vous dise, j’ai même pas crié à la vue de tous les papiers cadeaux et emballages traînant encore au pied du sapin.
Ni parce que j’ai cuisiné plein de bonnes choses qui ont juste provoqué des haut-le-coeur à la moitié des convives.
Pas davantage d’avoir attendu près d’heure trente que nous tous soyons réunis pour démarrer le repas.
Ni même lorsque j’ai constaté que mes huîtres, les seules de l’année, avaient raté le rendez-vous…
En temps normal, vous l’auriez entendu mon rugissement dans cette Petite chronique…
Celui-là même qui décoiffe dans toutes les bonnes arrières-cuisines de France et de Navarre.
Celui des blasées de la vie quotidienne, mères usées en cuisine, femmes épuisées au ménage…
Le rugissement de toutes les lionnes de la terre qui fait blêmir les enfants, claquer les portes et secouer les murs.
Là où les lionnes rugissent, la terre entière tremble.
Dans toutes les maisons du monde, derrière toutes les portes, grondent des lionnes menaçantes.
Acculées à leurs tâches, écrasées de responsabilités, rongées de doutes, pétries de violence ordinaire, elles hurlent leur détresse.
Joyeux Noël, je rends mon tablier de lionne ce soir.
Parce que j’ai entendu mon rugissement en écho.
Et qu’il m’a faite trembler…
Bien à vous,
Isabelle